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Dévouées au Mitan pour ces femmes qu’il faut protéger

Publié le 05/11/2018

Après 25 années consacrées à la cause des femmes, Chantal Vézina franchira pour la dernière fois en décembre prochain la porte de l’organisme thérésien Le Mitan, qui héberge des femmes victimes de violence conjugale et leurs enfants.

Toute la communauté thérésienne connaît le dévouement de Chantal Vézina, qui occupe le poste de directrice générale de l’organisme depuis six ans après avoir consacré et milité contre la violence faite aux femmes durant plus d’un quart de siècle.

En arrivant au Mitan, en 1993, elle souhaitait changer le monde, convaincue que la violence masculine diminuera si l’on parvient à changer les mentalités, à réduire à néant le besoin de certains hommes à installer un rapport de domination avec les femmes.

S’il y a une chose que Mme Vézina sait après 25 ans de militantisme, c’est que la violence conjugale persiste. Malgré les efforts de sensibilisation, malgré les nombreuses sorties médiatiques, peut-être même autant qu’auparavant. Dans son livre de comptes, les chiffres sont éloquents.

Confusion autour de la violence

Seulement au cours des trois dernières années, Le Mitan a reçu 255 femmes qui fuyaient un conjoint violent. La majorité d’entre elles étaient âgées entre 26 et 40 ans.

Au refuge, certaines arrivent seules, d’autres accompagnées de leurs enfants, pour y séjourner le temps de voir où elles en sont dans leur vie.

À l’organisme Le Mitan, dont l’adresse publique n’est pas cachée, elles trouveront une chambre et de l’aide sur place. La grande maison ayant pignon sur la rue Blainville, un peu en retrait de ses voisines, compte dix chambres, des pièces de séjour. Sur place, des intervenantes sont disponibles pour leur apporter un soutien psychologique et les assister dans leur démarche d’autonomie.

«Il y a une problématique de confusion autour de la violence conjugale. L’homme violent est aussi un père de famille, il a ses bons côtés. Mais la violence peut prendre plusieurs formes: psychologique, monétaire, menaces de suicide. Et regardez les émissions comme Occupation double – l’émission la plus écoutée au Québec –, où l’on projette encore les rôles définis, la femme qui doit être sexy pour plaire» , souligne la directrice du Mitan.

Une grosse dose d’espoir

Pour travailler ici, ça prend une grosse dose d’espoir. Il faut être un agent de changement, être convaincu qu’on peut changer les choses.

Et pour changer les choses, il faut être prêt à les défendre au niveau politique, car ce n’est pas qu’une cause, insiste-t-elle. L’organisme participe donc régulièrement à des tables de concertation et collabore avec CHOC, un autre organisme qui s’occupe justement des hommes violents.

Tout n’est pas noir, observe Mme Vézina. Il y a bien eu conscientisation sociale. Plus de gens savent que ça existe, les femmes en sont davantage conscientes, note-t-elle. L’organisme a également plus de collaborateurs sensibles à la cause des femmes.

«Il y a plus d’aide qu’avant autour des femmes et des hommes qui vivent des difficultés. C’est comme une chaîne» , affirme pour sa part Joan Gamache, qui coordonne depuis onze ans les ateliers d’échange avec les usagères de passage.

«Et c’est comme ça qu’on va changer le monde» , assurent les deux militantes pour la grande cause des femmes.