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Des policiers transporteurs d’organes

(Photo Michel Chartrand)

Des policiers transporteurs d’organes

Publié le 08/12/2009

Bernard Vannerum et Daniel Fortier, du Service de police intermunicipal Terrebonne–Sainte-Anne-des-Plaines–Bois-des-Filion, exercent tous les deux une fonction parallèle à leur métier de policier. C’est donc 24 heures sur 24, sans rémunération aucune, qu’ils assurent le transport d’organes destinés à être utilisés sur de futurs greffés. Parfois en solo ou encore accompagnés d’une équipe médicale, ils ont aussi la tâche d’amener tout ce beau monde dans différents hôpitaux de la région et parfois même hors territoire.

«On a déjà été appelé jusqu’à Sherbrooke, Québec, et une fois en Alberta. Les dons d’organes sont aussi transportables par voie aérienne, ce qui veut dire que nous nous rendons parfois à l’aéroport pour aller chercher une équipe médicale ou encore pour ramener les organes qui doivent être transplantés sur des patients», explique le policier Vannerum qui cumule de nombreuses années d’expérience dans le domaine.

Un corps, dix vies

Une fois arrivés sur les lieux, les policiers bénévoles sont mis au courant de la nature de ce qu’ils transportent. Bien qu’ils ne sauront jamais à qui sera destiné l’organe en question, le but avant tout est d’assurer un transfert sécuritaire, mais surtout rapide.
«Oui, nous recevons une formation, mais avant tout, il s’agit d’un engagement. Je me souviens de mon premier transport. L’équipe médicale que je transportais allait à Sherbrooke pour prélever un foie. Elle était très concentrée sur l’opération à venir et parlait peu. En tant que conducteur, on doit alors s’ajuster à l’équipe, car la réussite de la transplantation est le fruit de la contribution de tout le monde», apporte pour sa part Daniel Fortier.

Si certaines personnes sont parfois maintenues en vie artificiellement le temps que le policier bénévole arrive sur les lieux, le don d’organes fait encore très peur. En effet, plusieurs mythes perdurent, dont celui, entre autres, que la personne pourrait se «réveiller».
«Un corps humain sauve 10 personnes. Le miracle, c’est justement de donner…Vous savez, cela aide en quelque sorte à digérer la douleur que de savoir que le corps d’une personne que l’on connaît aidera à sauver d’autres individus, continue Daniel Fortier. Parmi les organes que l’on transporte, il y a les reins, les poumons, le cœur, les yeux (cornée), le foie et le pancréas. Le cœur est l’organe le plus urgent à transporter.»

Sur appel en tout temps, les policiers peuvent assurer entre 14 et 20 transports par année. À ce chapitre, notons qu’ils sont une trentaine au Service de police intermunicipal Terrebonne–Sainte-Anne-des-Plaines–Bois-des-Filion à s’être inscrits sur la liste des transporteurs bénévoles.
«Le nouveau policier bénévole est mis au courant de son rôle, de ce qu’il doit faire, ajoute Bernard Vannerum. Et puis un jour, il découvrira à son tour cette satisfaction ressentie lorsque tu reviens de ton périple, ce sentiment indescriptible…»
«Effectivement, c’est une émotion difficile à expliquer. Même après cinq ans, c’est compliqué à définir», ajoute Daniel Fortier.

La direction de police est drôlement fière d’avoir autant de participations bénévoles pour ce genre de mission philanthropique. D’autant plus que Daniel Fortier et Bernard Vannerum se sont vu décerner le titre et la médaille de Grand Samaritain par Pierre Duchesne, lieutenant-gouverneur du Québec, l’année dernière.