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Voici Audrey Emery

(Photo Yves Déry)

Voici Audrey Emery

Publié le 12/03/2010

La tournée Visionnarts s’est conclue sur une révélation, vendredi dernier (5 mars) à l’église Sacré-Cœur. Elle s’appelle Audrey Emery et le folk qu’elle présentait sur scène devrait faire lorgner les grands studios.

Originaire des Îles-de-la-Madeleine, la jeune musicienne est désormais établie dans les Laurentides, ce qui l’amenait à collaborer avec notre organisme de promotion de la relève régionale en prenant part à cette tournée avec une douzaine d’artistes et de groupes, dont Grâce Matinée et la Boîte Vocale, avec qui elle partageait la scène ce soir-là.

Nous fûmes étonnés d’apprendre que cette toute jeune auteure, compositrice et interprète avait été invitée à faire la première partie de Jorane pour aussitôt comprendre, dès sa première chanson, toutes les raisons pour lesquelles la violoncelliste l’avait choisie: la jeune insulaire est une perle qui s’ouvre au grand jour.

La voix est organique, une présence chaude et prenante qui fait vivre ses textes avec une réalité touchante. Et son jeu à la guitare est moulé sur cette voix avec des motifs simples, mais toujours très efficaces. En anglais comme en français, Audrey Emery élabore une esthétique fascinante qui ne requiert aucun artifice. Elle est absolument ravissante, ce qui ne gâche rien, et l’on devine chez elle cette vision de soi qui caractérise les créateurs.

Audrey Emery s’est donc présentée en premier lieu sur scène avec sa guitare presque aussi grande qu’elle. Sachez que la jeune femme a aussi une formation en piano classique et fait des études en électroacoustique. Dès la première de ses trois chansons, nous savions déjà être les témoins des débuts de quelqu’un qui s’imposera.

Vint ensuite le groupe Grâce Matinée, sans doute davantage inspiré par la divine bienveillance que les grosses vacances sales, dont le chanteur s’est avéré suffisamment charismatique pour fédérer d’autres musiciens, mais dont les compositions restent à peaufiner. Là aussi, on passe du français à l’anglais pour conclure que Molière est moins facile de fréquentations que To be or not to be, qui rime avec tempo même en philo.

Une autre pause, puis nous nous retrouvions face à la Corde Vocale, qui limitait ses ambitions au divertissement, avec costumes d’anges multicolores et décors nuageux, une prestation certes intéressante qui donnait même un peu plus que du divertissement, quoique ça reste à développer. Il faut savoir que la formation, qui inclut le bassiste Anthony Buckley et le guitariste Jean-Marc Potvin ainsi que la batterie de Damen Black à la voix de Gabrielle Gagnon, débute à peine et qu’ils ont assurément des choses à travailler.

Cette tournée Visionnarts présentait donc une douzaine d’artistes et de groupes dans six spectacles à travers la région des Laurentides. C’est ainsi que l’on retrouvait avec plaisir Catherine Labrecque et Félix-Antoine Vallières, les valeureux guitaristes du Trio BBQ ainsi que No son cubanos, également les voix de Massiel Yanira et Sonia Johnson, mais surtout ce coup de cœur imprévisible pour une artiste vraiment prometteuse, Audrey Emery.

Cette formule de six représentations essaimées sur le territoire des Laurentides prend désormais la place du grand spectacle de l’Émergence et elle porte donc ses fruits; même si tous ne sont pas mûrs, chacun vaut que vous y mordiez.