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Théâtre: l’urgence de vivre

Simon Boulerice

Théâtre: l’urgence de vivre

Publié le 23/01/2009

Après s’être donné pour mission de redorer le blason du théâtre en été, le Petit Théâtre DuNord fait sa première incursion dans le théâtre jeune public avec Les neuf ans fulgurants de Pierre-Henri Dumouchel, dont une lecture publique a été donnée à la bibliothèque de Boisbriand, le 17 janvier dernier, devant une vingtaine d’enfants.

L’exercice semblait de prime abord un peu périlleux. Toutefois, présentée comme une histoire dont les personnages prendraient vie, la pièce a captivé son auditoire haut la main.

La mort, l’avenir, les rêves, l’amour et l’espace, c’est ce qui préoccupe Pierre-Henri Dumouchel, alors qu’il vient de célébrer son neuvième anniversaire de naissance. Un an presque jour pour jour après le décès de son père, des suites d’un bête accident alimentaire, Pierre-Henri s’interroge sur la vie, pose des constats pleins d’une logique pas si enfantine. Le départ de son père l’a vieilli, il est mature, réfléchi, tout en demeurant un enfant aux rêves démesurés. Dans son univers, il y a son meilleur ami, Junior, le sportif un peu fanfaron, mais doté d’un cœur d’or, et la mère de Pierre-Henri qui pleure comme de la musique. Mais il y a également Lyra, «la nouvelle» au nom de constellation, qui parle avec ses mains…

Brillamment écrite par Simon Boulerice, et tout aussi bien jouée par Maxime Laurin (Junior), Louise Cardinal (Lyra) et l’auteur lui-même dans le rôle-titre, la pièce nous raconte les neuf ans de Pierre-Henri Dumouchel. Fulgurants, ils le sont à un tel point que ce dernier doit condenser les expériences de toute une vie dans cette seule année, après que Junior a lu, dans les lignes de sa main, sa mort imminente à son anniversaire suivant. Junior et Pierre-Henri sont tous deux fascinés par la mystérieuse gestuelle de Lyra, mais celle-ci jette son dévolu sur le doux P-H, avec lequel elle partage une passion pour les étoiles. Ils se réfugient parfois dans le ciel, où Lyra se voit douée de la parole… Mariage, carrière en astronomie, divorce, enquête, c’est beaucoup de choses au programme, surtout lorsqu’on est un enfant pris au cœur d’un triangle amoureux!

Le texte est lumineux, regorgeant d’images drôles ou magnifiques, de petits bijoux de métaphores pour exprimer les réflexions et les émotions de ces enfants ayant toute la vie devant eux et des rêves plein la tête. Dans le monde de Pierre-Henri, le réel et l’imaginaire se côtoient, l’espace ne connaît pas de contraintes, ce qui permet d’élargir les horizons et de révéler de nouvelles perspectives. La différence y est fascinante et non repoussante, incarnée par le personnage de Lyra, atteinte de surdité. Le langage des signes est habilement intégré au texte, les mains de Lyra s’agitant avec légèreté, traçant dans les airs des messages codés. Une œuvre intelligente, qui s’adresse justement à l’intelligence du jeune public, et interprétée par des comédiens qui ne jouent pas les enfants, mais qui en deviennent réellement. À voir ou à revoir absolument, en lecture publique à la salle du conseil de l’hôtel de ville de Blainville, le dimanche 8 février prochain, à 11 h. L’entrée est gratuite, mais il faut tout de même réserver sa place, au 450-419-8755.