Dix petits nègres, que l’on jouait au Théâtre Lionel-Groulx, est un texte éculé que La Comédie humaine fait revivre encore une autre fois, depuis les années 1930, un polar adapté du roman tiré à plus de 100 millions de copies, lesquelles, tout comme Guy des Cars, trônent toujours au palmarès des marchés aux puces et autres ventes-débarras.
Le jeu des comédiens était tout aussi ampoulé que le texte est alambiqué, avec ses explications verbeuses, et la mise en scène abuse du côté jardin. Les portes claquent sur un coup de tonnerre et jamais une seule fois le drame ne nous saisit.
L’intrigue démarre avec de mystérieuses invitations signées d’un monsieur Onyme, dont les initiales sont A.N. Question: Dix petits nègres est-il un drame en voie de se faire comédie? Il n’y manquerait que quelques bons gags et on serait en business avec Juste pour rire.
Il y avait pourtant toute une distribution pour défendre cet illustre navet avec Jean l’Italien, Gary Boudreault et Marc-André Coallier sur scène, aussi Paul Dion, Stéphanie Crête-Blais et Jean Harvey, Ingrid Falaise et Ariel Ifergan, ainsi que Christine Lamer et Louis-Olivier Mauffette, mais dans une mise en scène somme toute banale, plantée dans un décor statique.
La mise en place des personnages prend toute la première partie et l’on s’interroge d’ailleurs sur la nécessité d’une pause dans un spectacle d’à peine 90 minutes. C’est ennuyeux, un spectacle qui fait une pause, avant même d’avoir vraiment commencé.
Les comédiens déclament ce texte dénué de toute profondeur dramatique, qui n’a d’ailleurs que son intrigue farfelue pour motivation. C’est tellement ennuyeux que je vous donne la finale, tiens: c’est Miss Scarlett, avec la corde, dans le living room.
Non, c’est pire encore. Ça finit par un petit couple qui se forme comme les papillons viennent au monde. Faut pas oublier que la dame a aussi écrit Hercule Poirot et ses enquêtes qui donnent des sueurs tièdes comme une tisane à la camomille.
Bref, c’est un théâtre complètement dépassé, écrit par une auteure diluée dans une œuvre emmêlée dans ses ficelles.