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«Sortons les mots fif et tapette de nos écoles»— Jasmin Roy

Photo Michel Chartrand:Jasmin Roy lors de son passage à l’école secondaire Jean-Jacques-Rousseau, à Boisbriand.

«Sortons les mots fif et tapette de nos écoles»— Jasmin Roy

Publié le 27/05/2011

Dans le cadre de la Journée internationale contre l’homophobie (19 mai), Jasmin Roy, en collaboration avec le GRIS Montréal, est venu raconter son histoire aux élèves à l’école secondaire Jean-Jacques-Rousseau, à Boisbriand.

Son histoire teintée d’intimidation et d’homophobie a tenu en haleine les quelque 500 élèves réunis pour l’occasion.

«L’étincelle de cet évènement est venue d’un de nos élèves de la 5e secondaire, Jason Bourgeois. Au départ, Jason voulait faire inscrire à l’agenda scolaire la Journée internationale contre l’homophobie», relate le directeur de l’école, Roch-André Malo.

La direction y a vu une occasion d’aller un peu plus loin et de créer un évènement qui s’articulerait autour de l’homophobie, avec pour objectifs de sensibiliser les jeunes, le personnel et les parents à la problématique de l’homophobie, d’encourager les jeunes homosexuels à parler de ce qu’ils vivent, de souligner la diversité des orientations sexuelles des jeunes et leur entourage et de les sensibiliser à l’impact des paroles homophobes.

«C’est un projet audacieux pour lequel on a consacré beaucoup d’énergie. On ne voulait pas en faire un évènement de la fierté gaie, ce n’était pas le but. On voulait vraiment mettre le focus sur la tolérance des jeunes les uns envers les autres», a tenu à préciser M. Malo.

Osti de fif!

La journée s’est déroulée en deux temps, la première partie ayant été occupée par le récit de Jasmin Roy, comédien, animateur et auteur du livre Osti de fif! dans lequel il raconte son histoire, sa douleur, mais aussi sa reconstruction en tant qu’être humain. «Quand j’étais plus jeune, je me suis tellement fait traiter de fif et de tapette que s’en était presque rendu banal», débute-t-il, la voix chargée d’émotion. «Quand vous intimidez une autre personne, pensez-y, c’est un être humain que vous êtes en train de détruire», ajoute-t-il.

C’est à 27 ans, alors qu’il était comédien et en couple avec son copain, que Jasmin Roy a senti les premiers symptômes de la crise d’anxiété. Il aura mis six mois à contrôler cette peur qui lui venait de l’intérieur. Et quatre autres années pour se rebâtir. «L’intimidation, c’est très douloureux. Ça laisse des traces. S’il vous plait, sortons les mots fif et tapette de nos écoles», lance-t-il.

Aujourd’hui, Jasmin Roy se dit observateur de son angoisse et de son anxiété. «Le meilleur antidote que j’ai trouvé, c’est le plaisir. Alors, j’essaie de trouver du plaisir dans tout ce que je fais», avance-t-il.

Jasmin Roy s’est aussi adressé au personnel de l’école qui peut jouer un rôle déterminant dans l’action de briser le silence. Et aux parents qui ont aussi la responsabilité d’accompagner leurs enfants dans ce qu’ils vivent, qu’ils soient victimes ou agresseurs. La Fondation Jasmin Roy, mise sur pied il y a quelques années par Jasmin Roy lui-même, est un autre outil de lutte contre l’intimidation en milieu scolaire et de soutien aux victimes de violence à l’école: [www.fondationjasminroy.com].

Un spectacle de musique et d’humour a suivi la conférence. Parmi les invités, Patricia Paquette, une transsexuelle gaie, est venue livrer son témoignage et échanger avec les jeunes. Enfin, on a pu assister à l’interprétation d’une chanson contre l’homophobie, composée et arrangée par les élèves Hans Maël Desbiens, Jean-François Lévesque, Denis Lapierre, Sabrina Gutierrez, Geneviève Lajeunesse et Antoine Boisier-Michaud, sous la supervision de la technicienne en loisirs Karine Grenier. Ce projet a également bénéficié d’une session de mentorat avec le chanteur du groupe Vilain Pingouin, Rudy Caya.