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Soirée étudiante à la mémoire du 15 mai 2012: <em>«Nous sommes tous des allumeurs de réverbères»</em> — Jean Barbe

L’auteur Jean Barbe

Soirée étudiante à la mémoire du 15 mai 2012: «Nous sommes tous des allumeurs de réverbères» — Jean Barbe

Publié le 21/05/2013

Le Printemps érable au goût de révolte a tant marqué les étudiants y ayant pris part que cégépiens et professeurs du collège Lionel-Groulx se sont entassés par dizaines au Kafé étudiant, le temps d’une soirée, celle du 15 mai, afin d’échanger sur cette lutte revendicatrice qu’aucun d’eux n’est prêt d’oublier.

Invité par les cégépiens, l’auteur et polémiste Jean Barbe a ouvert la soirée avec un discours enflammé et rempli de bons mots pour les étudiants qui, soir après soir, sont descendus dans la rue pour manifester haut et fort contre la hausse des frais de scolarité. Leur courage l’a rapidement convaincu de se joindre à eux, de sorte qu’il a participé à la plupart des marches nocturnes, au centre-ville de Montréal.

Plutôt de gauche, l’écrivain s’est senti interpellé par ce mouvement qu’il a vite pressenti comme historique. S’il reconnaît que le soulèvement étudiant n’a pas changé le monde, il insiste sur l’espoir que représente pour l’avenir de la planète la prise de conscience sociale des jeunes. «Nous sommes tous des allumeurs de réverbères, a scandé l’ancien journaliste Barbe. C’est un par un qu’on va les avoir. Les frais de scolarité, on en s’en fout. On est là pour quelque chose de plus fondamental. Ce que vous avez fait en descendant dans la rue, en vous confrontant, vous classe à mes yeux au niveau de héros. Ne vous isolez pas, vous êtes des héros.»

C’est sur le ton de la fierté partagée que s’est poursuivi le rassemblement qui, par moments, a donné lieu à de belles performances littéraires, non dénuées de poésie.

Dans une ambiance chaude et galvanisée par l’émotion du souvenir, étudiants et professeurs se sont relayés durant plus de trois heures sur la petite scène organisée pour la soirée, à laquelle était aussi attendu un certain Gabriel Nadeau-Dubois, qui brillait par son absence.

Le professeur Isabelle Pontbriand a tenu à rendre hommage à «une génération en éveil». «Cela marque le retour de quelque chose, à un bien commun. On nous a conviés à un éveil incroyable. Ce renouveau collectif est porteur d’espoir», a signalé Mme Pontbriand.

Pour l’étudiante Amélie Poulin-Brière, le Printemps érable a été porteur d’un message: «La grève étudiante a montré que nous devons nous approprier la société dans laquelle nous vivons et la rendre à notre image et la remettre en question quand elle déroge.»

À l’entendre, il est évident pour elle que la grève n’était pas une erreur. «Un mouvement de masse est beaucoup plus puissant pour se faire entendre. Ce mouvement a montré que nous ne sommes pas une génération d’individualistes comme plusieurs le pensent.»

Nathalie Miljour, qui est professeure d’économie, a pris la parole pour expliquer aux étudiants les quatre gains bien réels obtenus par leur lutte. D’abord la hausse de l’aide financière, puis le départ des Libéraux, l’abrogation de la loi 78, (à l’arrivée au pouvoir du PQ) et enfin, la hausse drastique des frais de scolarité qui a été bloquée. «Vous avez montré qu’un mouvement social peut devenir rapidement un groupe d’obstruction», a-t-elle clamé aux étudiants.