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Quand le «je» devient «nous»

(Photo Michel Chartrand)

Quand le «je» devient «nous»

Publié le 10/11/2009

Ce n’est pas la première fois que nous vous relatons une rencontre d’Armand Vaillancourt avec des élèves, puisque le sculpteur est un habitué de longue date des rencontres culture-éducation et ça fait encore plus longtemps qu’il défend bec et ongles l’engagement artistique et social.

À 80 ans, Vaillancourt a toujours la même verdeur et son discours empreint de liberté et d’engagement social est implicite lorsqu’il dit: «Je suis un guerrier qui a fait depuis longtemps de son “je” un “nous”».

Il était l’invité de la stagiaire Vicky Kallis, en collaboration avec son maître-associé Richard Champagne et sa collègue Angela McGill, dans le cadre d’un projet pédagogique qui rejoignait près de 300 élèves de 4e et 5e secondaires.

Nous avons écouté cet artiste libre parler à la jeune foule réunie dans le studio-théâtre, pour constater combien Armand Vaillancourt est demeuré un être profondément libre, qui choisit toujours ses combats en vertu de l’équité sociale et de la liberté des peuples.

C’est en présentant un diaporama de ses œuvres à travers les époques que l’artiste discourait en fustigeant les Bush ainsi que tous les gouvernements qui jamais ne lui ont offert de bourse et pas le moindre soutien, ou si peu.

Tout premier à amener l’art dans la rue avec des pièces colossales qui parlaient écologie bien avant les verts, avec leurs matériaux récupérés ça et là, le sculpteur qui a vécu l’époque de Claude Gauvreau et du Refus global, sans jamais le lire, relatait quelques-unes des oppositions que ses sculptures publiques ont suscitées.
«Si on fait sauter ma sculpture, y faudra me faire sauter avec!», clamait l’indomptable créateur envers tous les réfractaires à ses installations citadines, souvent érigées dans le dos des gérants municipaux, en faisant fi des permissions.

Il eût été intéressant pour les élèves que notre homme relate l’épisode de San Francisco, où il avait inscrit Québec libre sur une immense sculpture publique et sur laquelle le chanteur Bono avait graffité Rock & Roll stops the traffic. Refusant de considérer le geste comme un sacrilège, et surtout comme du vandalisme, Vaillancourt montait sur scène le lendemain avec le groupe U2 pour écrire Stop the madness, devant quelque 70 000 spectateurs.

Indomptable et droit comme un chêne, Armand Vaillancourt est assurément l’être le plus déterminé et entier que les jeunes puissent rencontrer, lui qui les exhorte à s’engager envers la société en marge de la politique, tout en laissant sa trace dans le réel de façon créative.

Parce que, pour Vaillancourt: «Contester, c’est se regrouper pour créer.»