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Quand donner la vie laisse des traces

Quand donner la vie laisse des traces

Publié le 04/03/2010

Donner la vie laisse ses traces. Un petit être se fait bercer dans nos bras, mais un ventre mou, des vergetures, de la cellulite et des seins tombants empoisonnent ce bonheur soudain.

C’est devant ce constat qu’une jeune maman de 25 ans, Marie-Claude Guilbault, a mis sur pied le groupe Facebook Aimons les courbes de la mère, le 14 février dernier. Déjà, près de 3 000 femmes sont devenues adeptes de ce groupe qui vise à sensibiliser la population à la pression ressentie par les mères quant à leur apparence physique.

Ce projet, Marie-Claude Guilbault l’a réalisé avec la photographe de Saint-Colomban Julie Chartier, pour amener les nouvelles mères à réaliser qu’elles sont plusieurs à ressentir la pression médiatique. «En tant que nouvelle maman, je ressens une certaine pression à reprendre ma taille, à perdre mon surplus de poids rapidement. Bien que cette pression afflue des médias, celle-ci provient également de nous-mêmes. Elle est d’autant plus insidieuse», estime Marie-Claude Guilbault, conseillère en communication et maman de Noah, 4 mois.

C’est en lisant la revue Châtelaine traitant d’une photo du mannequin Lizzie Miller – en string, le ventre tombant – parue dans le magazine féminin Glamour, en 2009, qu’elle a l’idée d’organiser une session de photos. «J’ai choisi des filles de mon entourage pour les premières photos. Nous tiendrons une nouvelle session le 12 mars et ce sera le tour des femmes adeptes du groupe», fait-elle savoir. Des femmes de Saint-Colomban, Pointe-Calumet et Sainte-Anne-des-Plaines seront du nombre.

Le projet est embryonnaire et pourtant, il a déjà atteint son objectif. «Je ne pensais pas avoir autant de membres. Je voulais que les femmes se disent qu’elles n’étaient pas seules à s’en faire pour leur corps, mentionne l’instigatrice. Je voulais d’abord me libérer, moi et les filles de mon entourage. Je veux faire prendre conscience que, pendant leur grossesse, le corps des femmes est vénéré et qu’après, il faudrait qu’elle redevienne aussi mince qu’avant.»

La photographe et maman de Justine, 4 ans, et d’Émile, 2 ans, confirme que ces sessions de photo deviennent une sorte de thérapie pour les participantes comme pour elle. Une fois les premières photos réalisées, elles sont plus à l’aise et finissent par dévoiler plus que ce qu’elle voulait au départ, indique-t-elle. «Dans mon métier, je sens le malaise des femmes face à leur corps», fait-elle remarquer, expliquant pourquoi elle a pris part au projet.
«Je trouve triste que la maman d’un nouveau-né d’à peine quelques semaines cache son ventre ou ne veuille tout simplement pas se faire photographier», mentionne Julie Chartier.

Selon Marie-Claude Guilbault, la pression est si forte qu’il n’est pas rare qu’une nouvelle maman ait l’idée de «rentrer dans son pantalon» deux semaines après l’accouchement. «Je connais une mère allaitante qui voulait sauter des repas pour maigrir plus vite», cite-t-elle en exemple.

L’une des membres du groupe ayant participé à la première session de photo, l’Okoise Olivia Lanthier, âgée de 24 ans et maman de William, 4 mois, a fait, pendant sa grossesse, une fixation sur ce que son corps serait après l’accouchement. «Je ne pensais même plus à la joie qu’elle m’apportait. Oui, la grossesse a laissé des traces, mais ce n’est rien à comparer à tous les beaux moments que je passe et que je passerai avec mon fils. Il est ma fierté», soutient-elle.