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Plus qu’un style: une signature

Photo Yves Déry:L’auteur François Désalliers publie Le jour où le mort a disparu, aux éditions VLB.

Plus qu’un style: une signature

Publié le 27/05/2011

Il n’y a pas de hasard dans la vie, oh que non! Juste au moment où je me demandais: «Mais qu’est-ce qui arrive avec François Désalliers et que peut-il bien écrire?», voilà que j’apprends qu’il est rendu chez VLB avec son tout dernier titre, Le jour où le mort a disparu.

La lecture est toujours un plaisir avec François Désalliers et, dès le premier chapitre de ce dernier opus, nous reconnaissons cette façon d’ouvrir une intrigue sur un fait étrange, inusité et presque cocasse, du moins s’il n’entraînait une série de mésaventures, cette dernière étant morbide.

Rappelons que l’Homme café nous avait vraiment plu jusqu’au ravissement avec ce quinquagénaire réfugié dans un café. Une histoire très distrayante, en dirait un certain animateur de radio, et Le jour où le mort a disparu procède de cette même écriture faussement légère au service d’un roman noir aussi déphasé que son histoire abracadabrante, celle d’un mari jeté au recyclage par mégarde.

L’humour n’est jamais dans l’intrigue, mais il est essaimé çà et là dans le texte avec des phrases qui amusent, souvent avec de joyeuses entourloupes narratives. Méfiez-vous, quand quelque chose vous semble anodin, avec Désalliers ça ne l’est jamais.

L’intrigue suit la démarche d’une femme qui réalise que son mari, subitement, par un beau matin d’été, alors qu’elle était occupée à jardiner, n’est plus là.

L’auteur suit l’épouse désemparée, en décrivant chaque geste qui précède une pensée. Le doute des premiers moments se transforme en malaise et glisse au fil des pages vers une recherche déroutante, que l’on suit en découvrant une galerie de personnages qui font la vie du disparu.

Il faut préciser que François Désalliers a été conseillé par un ancien enquêteur de la Ville de Montréal, Yvon Demers, pour le réalisme de la démarche judiciaire, sans pour autant réécrire l’abrégé de techniques policières. Il s’agit davantage d’un roman sur la fidélité, qui s’exprime à travers un deuil qui prend l’amitié pour baume.

On se plaira aussi à retrouver la ville de Sainte-Thérèse dans la trame et à vous de décider quel est le magasin Gros et Méga-Gros qui livre des matelas, en reprenant les vieux pour les jeter nonchalamment à la décharge municipale.

On apprécie toujours cette capacité de Désalliers à se réinventer à chaque roman, mais toujours dans un style assumé qu’on devra désormais appeler une signature.

Et dire que notre homme, après l’écriture des Géants anonymes, s’était promis à une pause d’écriture de deux ou trois ans, et ce, trois jours avant d’entreprendre Le jour où le mort a disparu, son sixième roman, avec trois nouvelles.

Il est donc heureux que ce roman ait vu le jour, d’autant plus que l’auteur est désormais inscrit chez VLB Éditeur, grâce à l’intervention de son amie Francine Allard, que l’écrivain prenait le temps de remercier, lors du lancement à la Librairie Carcajou de la famille Poulin, là où il avait lancé son tout premier roman, Des steaks pour les élèves.

Ce n’est donc pas un véritable roman policier, même si l’enquête est d’un réalisme qui solidifie la trame, mais plutôt un drame psychologique, voire une recherche philosophique tout aussi inusitée que la vie, cet «ensemble de fonctions qui résiste à la mort».