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On est tous le con de quelqu’un

Les Productions Projets de la meute y allaient de leur version du texte de Francis Veber

On est tous le con de quelqu’un

Publié le 06/10/2014

Comme l’écrit si bien Normand Chouinard, dans son mot du metteur en scène, Le dîner de cons est une pièce qui n’a pas besoin de présentation. Allons-y tout de même, pour la forme et les profanes.

Chaque semaine, Pierre Brochant et ses amis organisent un dîner au cours duquel chaque invité convie aussi un «con», que l’on s’amuse à faire parler pour le plaisir de s’en moquer. Cependant confiné à la maison à cause d’un tour de rein, Brochant rate cette fois l’occasion d’exhiber un «con de classe mondiale» en la personne de François Pignon. Ne lui en déplaise, il en reçoit tout de même la visite pour une soirée riche en rebondissements et en catastrophes.

Les Productions Projets de la meute y allaient de leur version du texte de Francis Veber, le 27 septembre dernier au Théâtre Lionel-Groulx. Devant un public hilare, André Robitaille se glisse dans la peau de Pierre Brochant, et Marcel Leboeuf dans celle de François Pignon. Entourent ce duo de choc l’épouse de Brochant, Christine (Geneviève Rochette), sa maîtresse, Marlène Sasseur (Myriam Leblanc), son ami, Juste Leblanc (Antoine Durand), ainsi que le contrôleur fiscal Lucien Cheval (Jean-Pierre Chartrand). Une savoureuse brochette de comédiens, donc, livrant un texte tout aussi savoureux, ici pimenté de références tout à fait québécoises qui ravissent immanquablement les spectateurs

De retour à son luxueux appartement (impressionnant décor de Geneviève Lizotte, tout en hauteur et en profondeur) après une partie de golf qui a mal tourné, le blessé essuie les foudres de son épouse qui n’approuve pas son cruel passe-temps. Car malgré son état, il insiste quand même pour se rendre au dîner de cons.

Excédée, Christine claque la porte et Pierre Brochant, dans tous ses états, tente de rejoindre son «con» pour le décommander. Trop tard, François Pignon est déjà là, prêt à tout pour aider Pierre à reconquérir sa femme, mû par un désir de plaire et de faire partie de la bande. Il pèche cependant par un excès d’enthousiasme qui le conduit à une maladresse hors du commun, multipliant les embrouilles.

Dans le rôle de l’inénarrable François Pignon, Marcel Leboeuf est drôle, touchant et irritant tout à la fois, révélant par ses actions et ses expressions faciales un grand cœur insoupçonné. André Robitaille s’acquitte aussi de sa tâche avec brio, un jeu très physique venant appuyer son exaspération croissante vis-à-vis cet énergumène dont il a besoin malgré lui. Myriam Leblanc insuffle des airs de tragédienne à la flamboyante Marlène Sasseur, alors qu’Antoine Durand semble se bidonner autant que son personnage face aux déboires de Pierre Brochant. L’arrivée du contrôleur fiscal Lucien Cheval enfonce le clou, Jean-Pierre Chartrand lui imprimant une dégaine singulière, brusque, amusante.

La révélation accidentelle du pot aux roses montre un François Pignon plus attendrissant que jamais, face à un Pierre Brochant qui prend finalement conscience de ses torts, de la froideur cruelle et calculatrice de ses actions. Le vent tourne, l’arroseur est arrosé, la farce change de dindon. Juste retour du balancier pour Pierre Brochant qui n’aurait jamais cru être, lui-même, le con de quelqu’un d’autre.