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Massothérapeutes sans frontières: le voyage d’une vie

Massothérapeutes sans frontières: le voyage d’une vie

Publié le 14/12/2012

Revenues depuis un mois d’un séjour humanitaire qui aura duré six semaines, à Cork, une communauté située au sud de l’Irlande, Jocelyne Lehoux et France Lefebvre, deux amies massothérapeutes, peinent toujours à retrouver leur souffle.

«Je suis encore pleine d’émotions. Je suis revenue, mais je ne retrouve plus mes repères», laisse tomber France Lefebvre, massothérapeute depuis 1995. «Ce voyage, je l’avais demandé à l’univers. Ça m’a redonné confiance en la vie», souffle Jocelyne Lehoux, résidante de Bois-des-Filion et massothérapeute depuis 1999.

Ensemble, grâce à la Fédération québécoise des massothérapeutes et à une bourse décrochée dans le cadre de Massothérapeutes sans frontières, en faveur d’un projet visant à améliorer, par la massothérapie, les conditions ou l’état de santé de populations vulnérables, France et Jocelyne ont quitté le Québec en septembre dernier, à destination de l’Irlande, sans attente, ni idées préconçues, avec pour seuls bagages leurs valises, leur cœur et le désir de faire une différence.

Là-bas, elles ont été accueillies par les gens de l’Arche, un refuge où sont accueillies des personnes atteintes de déficience intellectuelle. Certaines ont des familles, d’autres pas. C’est là, au profit des quelque 25 bénéficiaires du centre de jour, que les deux femmes ont pu mettre en pratique leurs connaissances et leur expertise. «À tous les jours, à 14 h, ils nous attendaient», souligne l’une d’elles.

Au cœur de ces rencontres quotidiennes, l’approche Trager, qui se caractérise par des mouvements souples et rythmés composés de bercements, de vibrations et d’élongations. «Nous avons particulièrement axé sur le volet mentastics (littéralement, la gymnastique du mental) afin d’aider les gens à ouvrir certains segments de leur corps», expliquent-elles.

Étonnamment, malgré que le toucher demeure un aspect peu développé de leur être, tous ont positivement réagi aux ateliers. «Ces gens-là ressentent et vivent beaucoup de colère du fait qu’ils ne savent pas l’exprimer. Pour les aider, on inventait des histoires reliées à des animaux ou même des instruments de musique. Ça facilitait leur compréhension et ça marchait», poursuivent-elles.

Laisser des traces

Les intervenants aussi ont été mis à contribution. «On voulait laisser des traces de notre séjour là-bas, en les impliquant et en souhaitant qu’ils continuent, même après nous», évoque Jocelyne, encore émue. «On doit maintenant faire le deuil de l’Irlande. En attendant, on se dépose», ajoute France.

Bénévoles à l’Arche de Montréal depuis bientôt un an, les deux femmes ont décidé d’y poursuivre leur action. Un geste qui les aidera, espèrent-elles, à se retrouver et à poursuivre leur route. «On vit tellement dans notre petit monde d’aisance qu’on ne se rend pas compte que notre quotidien devient notre prison. C’est quand on sort de notre confort qu’on va alors chercher une grande richesse», résume France. «Ce voyage m’a permis d’ouvrir mon cœur. Ces gens-là sont tellement attachants», renchérit Jocelyne.

Déjà, les deux femmes s’accordent pour dire que leur voie est tracée et qu’un autre voyage les attend. En Argentine, peut-être? Ça reste à voir. Chose certaine, leur regard sur la vie ne sera plus jamais le même.