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L’humour franglais de Sugar Sammy

L’humoriste Sugar Sammy au Théâtre Lionel-Groulx.

L’humour franglais de Sugar Sammy

Publié le 25/01/2013

C’est à Sainte-Thérèse, et plus précisément au Théâtre Lionel-Groulx, que nous avions l’insigne honneur d’accueillir un humoriste québécois de descendance indienne qui bourlingue de Dubaï jusqu’en Amérique du Sud, soit le Montréalais Sugar Sammy.

Il faut savoir que l’humoriste n’est pas que bilingue, mais qu’il parle également hindi et punjabi, même s’il a passé toute sa vie à Côte-des-Neiges. Il en résulte un accent français international qui emprunte énormément à l’anglais pour ajouter des pastiches rigolos d’haïtien et d’arabe. Et il y a aussi l’imitation du bon vieux québécois, dont plusieurs rigolaient ferme dans la salle à s’entendre parler avec le monde entier à travers le comique.

La représentation est sur le mode américain du pur stand-up, habit noir et pied de micro, avec une démarche nonchalante et parfois chaotique, qui suggère une petite ivresse du maître de cérémonie, quelque peu relâchée en fin de soirée.

Même s’il n’y a aucune composition de personnage, l’humoriste se protège en prétendant jouer le jeu et le texte est tout aussi ambigu tandis qu’il s’adresse au public. Peut-on rire de cette blague? nous demande-t-il. Peut-on rire du Québécois moyen et de sa fiancée? De toute évidence, la réponse était oui et sans réticence aucune.

Sugar Sammy a un canevas développé dans le monde corporatif qui lui permet d’alterner les monologues avec les échanges, au point de se fabriquer des personnages avec les spectateurs et de les inclure à la représentation, ce qui constitue certainement sa plus grande force.

Sa faiblesse réside cependant dans la facture minimaliste d’un spectacle sans décor ni mise en scène, pas d’accessoire ni le moindre appui sonore. L’improvisation pourrait facilement être prise pour… de l’improvisation.

Ses sujets de prédilection s’avèrent bien évidemment l’intégration des immigrants et les perceptions loufoques que l’on porte sur l’autre. Sauf que cet autre, avec Sugar Sammy, c’est ce fameux «Nous» chargé de ségrégationnisme et désormais interdit aux Québécois depuis cette triste déclaration de Parizeau qui nous colle à la peau blanche.

Y a-t-il vraiment une thérapie à faire pour le Québécois moyen afin de contrer l’ethnocentrisme? À entendre la réaction franchement amusée du public, lequel n’a jamais réagi négativement, même avec les blagues les plus cruelles envers les «maudits séparatissses», il était évident qu’on n’y trouvait qu’un bon show d’humour avec, disons, une sorte d’épice indienne (il va l’aimer celle-là).

Le seul reproche que l’on ferait à Sugar Sammy est justement de ne pas jouer davantage ses personnages ethniques aux accents très amusants, le Québécois y compris, et en faire des sketchs davantage construits. Peut-être dans un second spectacle francophone plus élaboré? Ce serait à souhaiter.

L’humoriste Stéphane Poirier assumait la première partie, lui que nous avions connu avec les Soirées Mort de rire et qui continue son bonhomme de chemin sur les traces de Sugar Sammy.

Pour la suite des choses en humour, sachez que Claudine Mercier sera dans la grande salle du Théâtre Lionel-Groulx le 3 février, Anthony Kavanagh le 9 mars, Martin Petit et son Micro de feu le 30 mars, et Michel Barrette le 13 avril. D’autres suivront encore durant l’été, dont Guillaume Wagner et Laurent Paquin.