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L’humour et la chanson: les horizons de François Léveillée

François Léveillée offre un tour d’horizon de son cheminement

L’humour et la chanson: les horizons de François Léveillée

Publié le 25/10/2013

Pour l’avoir toujours vu à la télé ou sur scène en tant qu’humoriste, prêchant la bonne parole dans la peau d’Aimé D’amour, brassant des affaires sous les traits de Bob Cashflow ou encore suscitant la réflexion par ses commentaires socio-politiques, je m’étonnais de retrouver au nombre de mes assignations un spectacle musical de François Léveillée.

Pourtant, ai‑je bientôt découvert, c’est en tant qu’auteur-compositeur-interprète qu’il s’est d’abord fait connaître du public. C’est seulement vers la fin des années 1980 que sa carrière prend un tour résolument humoristique. Ainsi, avec Les deux rôles de ma vie, il unit ses deux passions et propose un survol de ses quatre décennies de métier.

François Léveillée pilote une soirée intimiste et sympathique que sa tournée québécoise a conduit au Théâtre Lionel-Groulx, le dimanche 20 octobre. Solidement appuyé par le bassiste Alexandre Blais et le guitariste-chanteur Nicolas Guimond, Léveillée lui‑même maniant la guitare, le banjo ou le ukulélé, il offre un tour d’horizon de son cheminement, tout en anecdotes et en chansons.

Ses textes se font touchants ou amusants, toujours habilement tournés, à l’image de son écriture humoristique mordante. D’une voix dont la chaleur rappelle un peu celle de Richard Séguin, il choisit, pour débuter le spectacle, Le deuxième rôle de ta vie, histoire d’un père qui transpose ses rêves et espoirs sur son fils. Son propre père, issu de la «génération silencieuse» d’avant les baby-boomers, il le célèbre quant à lui à travers Arthur, une pièce tout en métaphores et empreinte de mélancolie. Sa nostalgie du «temps où les enfants quittaient la maison», paradoxalement avec le syndrome du nid vide dont souffrent tout de même les parents, est exprimée avec ironie dans Isabelle et sa suite logique, Le balcon.

Si la famille et l’amour se retrouvent au cœur de plusieurs des textes de François Léveillée, ce dernier sentiment n’est pas réservé qu’aux humains, comme on le découvre en riant alors qu’il nous livre l’intense Mon char est fini ou l’étonnante J’aime les objets. La ballade «pour hommes» Elle m’aime, drôlement macho, déclenche quant à elle les foudres de ces dames et les rires gras de ces messieurs, mais l’artiste se reprend bien vite avec J’ai jamais composé, chanson d’amour simple et vraie.

Il rend aussi Hommage à Brassens, une tribune lumineuse et tout à fait dans le ton de l’œuvre de ce dernier. Félix Leclerc, autre idole et influence majeure de Léveillée, est lui aussi commémoré avec une relecture de Le bal. Si l’on s’esclaffe avec Le rôti de palette et Give me (composée pour nulle autre que Céline Dion!), on apprécie aussi beaucoup la finale du spectacle, durant laquelle François Léveillée et Nicolas Guimond y vont d’un pot-pourri de chansons populaires sous forme de dialogue musical.

Entre les pièces, c’est l’humoriste et conteur qui prend le relais, François Léveillée ne manquant pas de commenter l’actualité, de poser un regard critique sur Montréal, sa politique et ses infrastructures, le phénomène Tanguy, l’attrait du vedettariat. Il se raconte aussi en anecdotes, dépeignant sur quarante années l’évolution sociale et politique, mais aussi professionnelle et personnelle, d’un artiste que j’ai pris grand plaisir à découvrir sous un jour jusqu’alors méconnu de moi.