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Les Sœurs Boulay: éloge de la vraie vie

Les Sœurs Boulay proposent un folk à la fois riche et dépouillé

Les Sœurs Boulay: éloge de la vraie vie

Publié le 21/03/2014

Bien qu’elles portent le même nom de famille et soient également originaires de la Gaspésie, non, les Sœurs Boulay ne sont pas les cousines d’Isabelle.

Comme elles seraient plutôt apparentées à Gerry Boulet et qu’elles collaborent avec Stéphane Lafleur, d’Avec pas d’casque, Mélanie et Stéphanie tenteront en conséquence de nous prouver qu’elles sont «wild»! Avec beaucoup d’autodérision, d’humour et une complicité que l’on ne peut retrouver qu’entre de vraies sœurs, elles donnent ainsi le ton à cette chaleureuse soirée du 13 mars dernier, au cabaret de l’église Sacré-Cœur.

Devant une salle remplie à craquer et buvant leurs paroles, la blonde et la brune y sont allées des pièces de leur premier album Le poids des confettis, un opus personnel, intime et débordant d’authenticité que le duo nous livre sans pudeur, comme un coup au cœur.

Des pièces comme Ôte-moi mon linge ou Gab des îles parlent de désir, d’amour et de chaleur avec des mots simples qui expriment des sentiments vrais. Ici, pas de discours fleuris, mais la boîte d’un pick‑up «qui sent le fond de tonne pis ton chien», et on est bien. Pas non plus de grands éclats de voix déchirants dans la mélancolie de Sac d’école, par exemple, qui évoque tout en retenue le côté «ordinaire», l’impression de vide laissée par la rupture amoureuse: «J’ai pus d’amour pis pus de maison, j’check les apparts de la rue Masson, j’ai mis ma vie dans un sac d’école.»

Il y a aussi de l’amour heureux chez les Sœurs Boulay, qui le dépeignent tout en douceur sur Chanson de route, un grand souffle d’air du large, sur une Par le chignon du cou aux percussions entêtantes comme le battement du cœur, une résilience un peu fragile dans Mappemonde. Bien qu’elles semblent carburer à la nostalgie, on rit aussi en compagnie des Sœurs Boulay, beaucoup par leurs apartés comiques, les boutades fraternelles qu’elles se lancent ou encore la pétillante Windshield, qui relate les aléas d’un roadtrip entre sœurs.

Elles-mêmes à la guitare et accompagnées des multi-instrumentistes Jean-Philippe Hébert et Laurence Lafond-Beaulne, les Sœurs Boulay proposent un folk à la fois riche et dépouillé, aux teintes pastel assombries ou luminescentes, drôlement crues parfois. Car elles sont sans filtre, Stéphanie et Mélanie, et elles appellent sans gêne un chat un chat, se refusant à la censure émotive. Elles osent se mettre à nu, se montrer fortes dans leur vulnérabilité et leur candeur.

Toute cette vérité est portée par des harmonies vocales irréprochables aux accents mélancoliques avec une pointe country. Les choses belles comme les moins belles, les choses plates, les choses drôles et les choses tristes, elles les chantent avec une langue familière qu’elles façonnent comme de la glaise.

Elles en tirent des bijoux d’images pleines de vérité et d’exactitude, de simplicité aussi, dans une délicate poésie du quotidien. En elles, on reconnaît nos cousines tannantes, nos voisines d’en face, nos copines d’école, et aussi nous-même. Leurs mots nous parlent et nous réconfortent, car ils trouvent un écho en chacun de nous.