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Les maîtres du temps présent

Simone Goyette-Holm, l’une des participantes au Défi Pérou.

Les maîtres du temps présent

Publié le 22/05/2009

À 2 430 mètres au-dessus du niveau de la mer, un petit groupe exulte. Une impression d’invincibilité et beaucoup d’amour émanent de ces conquérants du Machu Picchu. Au milieu des rires et des larmes, l’émotion est à son comble. «On a réussi notre rêve, la gang! Il n’y a plus aucun défi qui va vous résister!»

Ce sont là les paroles de Jean-François Martin, professeur en éducation spécialisée au cégep du Vieux-Montréal et père d’un jeune homme vivant avec une trisomie. Il est également l’instigateur du Défi Pérou, réunissant six jeunes adultes atteints de trisomie 21 et six étudiants en éducation spécialisée, de même qu’un autre professeur et le comédien Jean-Marie Lapointe, pour une aventure hors du commun dans les montagnes du Pérou. Documentaire touchant et inspirant, Trisomie 21 – Le défi Pérou était présenté, le 14 mai dernier, dans le cadre de Ciné-Groulx, devant un public exceptionnellement nombreux.

Et c’est tant mieux, la prémisse du film étant de faire tomber les préjugés, d’ouvrir les esprits à la différence, mais surtout de montrer à tous que la déficience intellectuelle n’est pas un obstacle à l’accomplissement de grandes choses, pour reprendre les thèmes abordés par Simone Goyette-Holm, l’une des jeunes adultes atteints de trisomie 21 ayant participé au voyage, dans un discours chaleureusement applaudi.

Aux côtés de Jean-Marie Lapointe, également présent lors de la projection, les yeux de Simone brillent lorsqu’elle évoque ses souvenirs de l’aventure dont nous allions bientôt être témoins: l’ascension du mythique Machu Picchu, suivi d’un séjour d’aide humanitaire dans des familles locales. Alors que le groupe tente de prendre le pouls de la culture péruvienne, des images pleines de spontanéité et d’authenticité se mêlent à celles de panoramas époustouflants. Chacun a son tour de parole, les uns pour démystifier la trisomie 21, les autres pour partager leurs réflexions, leurs émotions. Jean-François Martin dépeint le quotidien avec son fils, les guides font part de leurs appréhensions, les étudiants, de leurs apprentissages personnels sur la responsabilité de l’éducateur.

Face aux difficultés, au vertige, aux douleurs physiques, tous repoussent leurs limites avec humour ou sagesse. Devant l’inconnu, on s’arme de courage et de détermination. Les liens forgés deviennent plus forts, tous s’épaulant les uns les autres, s’oubliant pour aider l’autre, dans un esprit de complicité et d’encouragement. Dans les familles du Pérou, le choc culturel est grand, mais tous finissent par s’adapter malgré la pauvreté et la barrière de la langue, découvrant une nouvelle réalité, vivant la différence au quotidien, apportant aussi à la communauté en plantant des arbres et en participant à la construction d’une école.

Au terme de ce périple, chaque participant respire le bonheur et la fierté du défi relevé. Le projet aura touché chaque personne différemment selon son bagage personnel, chaque participant en apprenant sur lui-même et ses capacités, se découvrant sous un jour inédit, car soulignons que chaque expérience était nouvelle pour tous. Pour les jeunes adultes atteints de trisomie, cette ascension un peu à l’image de leur vie aura permis de briser ce «cocon-de-pas-capables» dans lequel la société les confine trop souvent.