logo journal nord-info
icon journal
Le vautour du Québec

Le vautour du Québec

Publié le 24/08/2012

Des vautours planent dans le ciel du Québec! Chimère ou réalité? En fait, il s’agit de l’urubu à tête rouge, un gros oiseau noir doté d’une petite tête rouge, qui survole la croûte terrestre à la recherche de carcasses.

Au plan historique, l’urubu à tête rouge est une nouvelle espèce de la faune ailée québécoise. Signalé à plusieurs reprises dans les années 1970 et 1980, dans le sud de la province, l’oiseau a finalement été considéré comme une espèce nicheuse, en 1986, à l’occasion de la découverte d’un premier nid dans une montagne de Rigaud.

En provenance du nord des États-Unis et du sud de l’Ontario, il connaît depuis 25 ans une forte expansion et c’est maintenant un oiseau relativement fréquent dans plusieurs régions du Québec, dont les Laurentides et Lanaudière.

L’urubu à tête rouge, identifié précédemment sous le nom de vautour à tête rouge, arrive dès le mois d’avril et repart vers le milieu de l’automne.

Rôle utile

L’urubu est dépourvu de plumes sur la tête, ce qui lui donne une allure rébarbative. Comme l’on sait, il ne faut pas se fier aux apparences, l’oiseau jouant un rôle très utile en matière de recyclage par son statut de charognard.

Contrairement aux autres espèces d’oiseaux de proie, il a un odorat très développé qui l’aide à repérer sa nourriture. Il consomme les cadavres d’animaux morts trouvés dans les champs et le long des routes. Près des fermes, il est friand des carcasses rejetées par les agriculteurs, lesquelles peuvent attirer plus d’une centaine d’urubus.

Dans un esprit écologique, des paysans et des ornithologues d’un village du centre-sud de la France ont même introduit une espèce de vautour afin de se débarrasser des carcasses, évitant ainsi un trajet de quelque 300 kilomètres pour livrer les animaux morts.

Ce gain écologique est aussi associé aux humains. L’idée de laisser en pâture un corps humain à des vautours peut donner la chair de poule. Cette coutume est pourtant en usage au Tibet et dans certaines parties de l’Inde.

Ce rite funéraire est employé par des peuples des régions rocheuses et désertiques qui ne peuvent pas enterrer, ni incinérer leurs morts. Les vautours se nourrissent proprement et rapidement sans laisser de traces et leur vol plané évoquerait la montée de l’âme au ciel.

À la recherche d’un nid

L’urubu à tête rouge est maintenant un oiseau régulier de notre avifaune estivale. Par contre, très peu de nids ont été découverts. Il niche souvent au sommet de collines ou de montagnes, à des endroits difficiles d’accès comme les corniches rocheuses ou l’intérieur de crevasses.

Pendant plus de 20 ans, la Société d’ornithologie de Lanaudière a tenté de trouver un nid d’urubu. Des équipes ont parcouru des escarpements rocheux, des falaises et autres lieux. Ces recherches ont été vaines. Finalement, par hasard, un nid a été découvert en 2011, à Saint-Liguori… dans une cabane à sucre abandonnée!

En fait, l’oiseau ne construit pas de nid, se contentant de pondre à même le sol. Cette ponte comprend habituellement deux œufs; assez souvent, un seul oisillon arrive à maturité, tel que constaté au nid de Saint-Liguori. Notre oiseau fait partie de la famille des cathardidés, laquelle comprend sept espèces à travers le monde, dont le mythique condor des Andes.

Depuis quelques années, une autre espèce d’urubu est observée occasionnellement au Québec. Il s’agit de l’urubu noir, un visiteur au plumage entièrement noir qui a été vu notamment dans les cieux de la Gaspésie et de la Montérégie.

Journaliste indépendant pour divers magazines et autodidacte dans l’apprentissage de l’ornithologie, Bernard Cloutier est membre de la Société ornithologique de Lanaudière. Il est aussi animateur, guide et conférencier. Pour lui écrire: b.clou@hotmail.com.