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Le rap au service des valeurs humaines

(Photo Michel Chartrand)

Le rap au service des valeurs humaines

Publié le 25/01/2011

Remarquablement mûr pour ses 21 ans, Mickael D. Ahern est ce genre de garçon que l’on aimerait voir comme un mentor auprès des jeunes. Signe évident que l’adolescence n’est pas si loin encore, il se souvient très bien de son engouement, de sa passion pour le rap ainsi que pour les différents chanteurs de cette expression vocale sur fond musical qui ont jalonné son adolescence.

Avec cette prédisposition musicale innée, mais aussi peaufinée avec les années, il a discuté longuement de son expérience, de ses succès, mais également de ses échecs devant un parterre de jeunes adolescents de l’école Henri-Dunant de Blainville.

Un poison nommé timidité

Il faut dire que le rappeur a enduré, et pas toujours positivement, les répercussions de sa timidité quasi pathologique qu’il a traînée avec lui dès sa prime enfance. Enfant unique, le jeune garçon ne connaît pas le partage obligé ou les compromis relatifs à une nombreuse fratrie; il est plutôt du type solitaire, même si bouillonne au fond de lui l’envie de s’allier et de se distraire avec les autres.

Un tantinet introverti, il est celui qui ne dérange presque jamais en classe, profitant plutôt de ce trait de caractère pour décrire ses états d’âme sous la forme lyrique, à l’abri des regards d’autrui.

Puis, vient le jour (divin) où tout bascule (enfin).

Plus question de solitude ou de retranchement. L’envie d’avoir des copains et une petite amie constitue une préface efficace pour balayer de la main cette réserve désormais toxique dans sa vie. Mickael inaugure une nouvelle ère en prenant sa place en société. Il répond aux questions des profs, et n’hésite pas à lever le voile sur son style musical devant ses pairs.

«Les gens ont bien vu que je n’étais pas plate, affirme en souriant le jeune rappeur. En montrant qui j’étais, cela a amené les tripeux.»

Party à volonté, on vit à la vitesse de la jeunesse et des films Folies de graduation. Les chanteurs de rap ont la cote. Le look gangster, avec ses armes et ses femmes renvoi à l’idéalisation et la recherche d’une telle destinée.

«Je croyais que c’était ça, la vie. Je ne comprenais pas, à l’époque, le message derrière ça. Aujourd’hui, je ne voudrais jamais d’une telle vie, parce qu’à long terme, on n’est pas heureux», explique Mickael.

Enjoignant les jeunes à ne pas tomber dans le piège du Star System et de ses messages à connotation sexuelle ou violente, Mickael évoque sa prise de conscience.

«J’étais dans la mauvaise gang. Elle ne pensait pas comme moi. Aujourd’hui, quand je rencontre ces anciennes connaissances, je me rends compte qu’elles n’ont pas évolué; elles parlent toujours des mêmes choses qu’à 15 ans, elles font juste des partys, ne veulent pas partir de chez leurs parents et ne savent même pas se faire cuire un œuf. Mes amis, actuellement, sont des gens avec qui je peux discuter. Il n’y pas juste les partys qui comptent dans la vie».

Même si cette adolescence tumultueuse reflète avant tout un besoin d’explorations, Mickael continue de composer sa musique.

Avenir stimulant

L’eau a coulé sous les ponts, depuis. Rappeur très prometteur, son album contient des chansons inédites à découvrir. Avec sa dégaine, juste ce qu’il faut, ses paroles sans indécence et sa gestuelle engageante, on ne s’étonne pas que sa présence soit recherchée au-delà de son engagement communautaire auprès des jeunes.

Le garçon a vraiment du talent.