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L’agriculture biologique dans les Laurentides: difficile, mais possible

L’agriculture biologique dans les Laurentides: difficile, mais possible

Publié le 17/08/2011

L’agriculture biologique dans les Basses-Laurentides est au statu quo. C’est ce qu’affirme l’agronome et conseiller en agriculture biologique au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), Larbi Zerouala.

Selon lui, le seul événement majeur, c’est l’entreprise Serres Sagami qui l’a créé, en prenant le virage biologique.

Après une quinzaine d’années à produire des tomates en serre, l’entreprise s’est mise à produire quatre variétés de tomates biologiques. D’ici trois ans, les Serres Sagami de Sainte-Sophie veulent produire que des tomates biologiques, pour atteindre 50 % de la production de tomates biologiques au Québec. «Sinon, c’est le même tempo partout au Québec», estime M. Zerouala.

Le directeur régional de l’Union des producteurs agricoles (UPA) Outaouais-Laurentides, René Ledoux, estime pour sa part qu’il est difficile de tracer un portrait global de l’agriculture biologique dans la région. Selon son «pouls intuitif», on observe une «légère croissance» de l’agriculture biologique dans les Basses-Laurentides, mais ce n’est jamais facile. Plusieurs producteurs s’y lancent, poursuivent quelques années pour tout arrêter en suite. «Ça fait 30 ans qu’on dit qu’il va y avoir plus d’agriculture biologique, mais les progrès sont difficiles, et ce, dans l’ensemble de la province», estime-t-il.

Étant donné que les plus belles terres du Québec se trouvent en partie dans les Basses-Laurentides, celles-ci sont plus chères, ce qui les rend plus difficiles à rentabiliser lors d’une transition vers la production biologique. «La MRC de Papineau a eu une bonne croissance, mais les terres étaient à l’abandon, donc vendues moins cher. L’agriculture a été moins intense. C’était donc plus facile à convertir au biologique. Mais, je ne sais pas si c’est plus garant du succès», indique M. Ledoux. Pour 10 entreprises fondées, une seule subsiste, rappelle-t-il.

Agronome-conseil du Club-conseil bio-action, Yveline Martin remarque que les jeunes sont attirés par le concept de panier équitable, ce qui les encourage à se lancer dans ce type d’agriculture. Elle voit également des personnes près de l’âge de la retraite qui souhaitent amorcer un projet de culture de niche.

Mme Martin constate une effervescence plus marquée dans les Hautes-Laurentides et les régions éloignées en général, qui s’explique en partie par le prix moins élevé des terres. Le secteur des grandes cultures (soya, maïs, canola) se porte, selon elle, plutôt bien comparativement aux produits maraîchers parce que les sortes de culture sont moins variées. «La maîtrise d’une culture est plus facile. Le producteur maraîcher cultive 15 variétés de légumes», estime-t-elle.

Le conseiller en agriculture biologique au MAPAQ affirme que les producteurs de légumes et de viandes biologiques tirent le diable par la queue. «Le prix donné à la production est sous le prix coûtant. Il faut avoir les reins solides. La demande pour les légumes existe, mais l’offre ne suit pas», affirme-t-il.

Mme Martin pense que la culture biologique des petits fruits gagnera en popularité dans les prochaines années tout comme celle des pommes. «L’agriculture biologique est un secteur en ébullition, mais il a besoin de plus de support du gouvernement et de recherche pour mieux contrer les maladies et les insectes et développer de nouveaux créneaux», mentionne-t-elle. «Le gouvernement aide les producteurs qui se convertissent au biologique, mais il n’y a pas de programme spécifique pour les producteurs biologiques. Ce sont des choix politiques», déclare M. Zerouala.