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La turlute enjouée du merle d’Amérique

La turlute enjouée du merle d’Amérique

Publié le 23/03/2012

Fier d'allure avec sa tête relevée, son plastron orange et ses lunettes blanches autour de sa tête cendrée, le merle d'Amérique apporte la joie du printemps autour de nous.


Aussitôt arrivé dans nos cours et nos jardins, il se met à chanter pour délimiter son territoire et faire connaître sa présence aux femelles qui migrent quelques jours plus tard.

Entonnant sa turlute sifflée dès l’aurore, le merle d’Amérique chante quasiment toute la journée et semble avoir un regain d’énergie à la brunante. Il pousse alors ses dernières tirades enjouées qui accompagnent le sommeil de la nature.

Le merle d’Amérique dispose d’un large registre de chants et de cris, dont un murmure doux articulé à la manière d’un ventriloque et un grognement de mécontentement accompagné d’un mouvement saccadé de la queue.

Le chant est surtout l’apanage du mâle, bien que la femelle lance plusieurs vocalises dans une journée. Note intéressante, les merles chantent non seulement au printemps, mais également en été et, à l’occasion, en automne.

Tel un castor ailé, le merle est un travailleur infatigable. Il peut faire plus de 200 voyages par jour pour chercher des brindilles et des tiges, au moment de la construction du nid. C’est la femelle qui élabore le nid en façonnant, avec sa poitrine, un mélange de boue et d’herbes.

Le nid en forme de coupe renferme trois ou quatre œufs, couvés la plupart du temps par la femelle. Après l’éclosion, les oisillons croissent très rapidement, atteignant en seulement 13 jours la taille des adultes. Cette croissance force les parents à chercher ardemment des vers, des larves et autres pitances. Les adultes apportent quelque 250 grammes de nourriture par jour à chacun des petits.

Comme l’oiseau arrive avant le déploiement des feuilles dans les arbres, il bâtit souvent son premier nid dans un conifère. Le second nid, en été, est dans un feuillu, notamment l’érable. Parfois, il choisit des emplacements saugrenus, tels une boîte aux lettres ou un lampadaire.

Il peut refaire un nid de l’année précédente ou ériger un nouveau nid par-dessus un ancien nid.

Dans la partie sud du Québec, le même couple de merles fonde deux familles, la première couvée ayant lieu en mai, la seconde, au cœur de l’été.

Merles en hiver: une saison exceptionnelle

Cet hiver, des lecteurs de Sainte-Thérèse, Boisbriand, Rosemère et Bois-des-Filion ont observé des merles d’Amérique. Toutes ces personnes nous ont écrit pour exprimer leur étonnement et comprendre les raisons d’un tel phénomène.

Le merle d’Amérique est bel et bien un oiseau migrateur, mais une très petite partie de la population reste chaque année en hiver au Québec. Cette population a été nettement plus élevée, l’hiver dernier, dans l’ensemble de la province. En effet, les forums et sites de discussion sur Internet de la Montérégie, de l’Estrie, de Lanaudière et d’autres régions ont rapporté par dizaines des mentions de merles.

Sans prétention scientifique, on peut avancer que l’abondance des baies et des fruits encore accrochés aux arbres, tard en automne, a constitué une belle table pour les merles. De plus, le temps relativement doux a empêché ou retardé le gel des ruisseaux. Pourvus de nourriture et d’eau, les merles ont hiverné en grand nombre.

Mentionnons aussi que le merle est doté d’un canal extensible entre la bouche et l’estomac. Il y emmagasine des réserves de nourriture afin de passer la nuit. Cet apport énergétique favorise son adaptation face aux nuits glaciales.

Journaliste indépendant pour divers magazines et autodidacte dans l’apprentissage de l’ornithologie, Bernard Cloutier est membre de la Société ornithologique de Lanaudière. Il est aussi animateur, guide et conférencier. Pour lui écrire: b.clou@hotmail.com.