La chose est à ce point inévitable qu’elle est mentionnée en toutes lettres à titre de projet éducatif, dans le portail de l’établissement du boulevard Bélisle, à Sainte-Thérèse : «Tous les enseignants, y lit-on, devront faire, avec leurs élèves, une présentation théâtrale.»
Et ce n’est sans doute pas innocemment qu’on emploie le verbe «faire». Les spectacles, qui représentent la finalité de ce projet éducatif qui s’étend tout de même sur quelques mois (il faut bien répéter), tirent souvent leur origine d’une page blanche, angoissée ou non, les enseignants relevant le défi de l’écriture, parfois avec l’aide des enfants eux-mêmes, pour produire des textes inédits. Remarquez, il n’est pas défendu de puiser dans la dramaturgie existante, reste que chaque professeur est obligatoirement promu metteur en scène, si ce n’est aussi concepteur de décors, de costumes et d’environnement sonore. Quelques parents sont aussi mis à contribution, de sorte que cette école accueillant 250 enfants prend chaque fois les allures d’une gigantesque troupe de théâtre.
En conférence de presse, cette semaine, la directrice de l’école, Marie-Claude Garand, saluait le lancement de cette 14e Théâtromanie en parlant d’une grande fête, d’un évènement important pour cette institution d’enseignement. «Nous aimons notre école pour ce qu’elle est et nous vivons pour le théâtre», a-t-elle lancé aux élèves massés devant elle, dans le gymnase de l’école, qu’on avait déjà commencé à transformer en salle de spectacle, puisque c’est à compter de lundi prochain, et jusqu’au 28 avril, que les 11 groupes, du préscolaire à la sixième année, y présenteront les neuf spectacles inscrits à l’horaire.
C’est ainsi que l’on pénètrera quantité d’univers tantôt habité par Cendrillon ou la tante Imelda, que l’on ira au cirque ou dans l’espace, qu’on entrera dans le rêve de Will ou dans le grenier d’une maison, qu’on se promènera en forêt ou à la Place Rosemère, tout comme on remontera le temps jusqu’à l’époque de la Crise.
C’est ainsi que l’on jouera à être un autre tout en récoltant pour soi-même les applaudissements, en savourant des moments de complicité avec les camarades, dans un contexte favorisant le dépassement de soi.
Lire aussi (cliquez sur le lien):