logo journal nord-info
icon journal
La bernache du Canada, phare du printemps

(Photo Alan D.Wilson — Wikimédia)

La bernache du Canada, phare du printemps

Publié le 18/03/2011

Coincé dans la circulation, anxieux, vous espérez vous rendre à temps à votre rendez-vous. Pour prendre un peu d’air, vous ouvrez les fenêtres de votre auto. Vous entendez alors un caquètement étrange, un ricanement lointain venant du ciel.

Vous scrutez l’horizon et apercevez la formation en V d’un vol groupé de bernaches du Canada. Le stress tombe un peu, la joie du printemps s’installe en vous.

La migration printanière de la bernache du Canada débute à la fin de l’hiver et dure plusieurs semaines. Oiseau au long cou et à la tête de couleur noire marquée par une bande blanche, la bernache voyage lentement vers le nord en suivant la ligne de la fonte des neiges. En provenance du centre-est des États-Unis, elle s’arrête à plusieurs reprises dans nos régions pour se nourrir afin de se faire des réserves qui seront vitales pour poursuivre sa route et se reproduire dans le Grand Nord du Canada.

En vol ou au sol, les bernaches cacardent en un chœur soutenu. Elles poussent aussi des gloussements et plusieurs autres types de cris, jusqu’à 13 différents.

Ballet aérien fascinant à regarder, la formation en V permet une économie d’énergie. Les bernaches de tête, épuisées, cèdent leur place pour aller se reposer à la queue du peloton. Placée derrière une de ses congénères, la bernache profite d’un effet du «tirant», un peu comme un cycliste dans une course.

Bernaches résidentes

Depuis quelques années, les clubs d’ornithologie reçoivent assez souvent des appels concernant l’observation de bernaches du Canada en plein été. «Est-ce que c’est un oiseau malade?», «Ont-elles perdu le “nord”?», telles sont les questions les plus en vogue.

De fait, il y a maintenant beaucoup de bernaches du Canada qui passent le printemps, l’été et une partie de l’automne dans le sud du Québec. Elles sont issues en bonne partie d’une population d’élevage et ont été relâchées il y a une vingtaine d’années dans le nord-est des États-Unis.

Cette population migre peu et ne craint pas l’être humain. Elle s’installe dans les champs, les parcs urbains ou de banlieue, et même sur des terrains de golf. Elle peut endommager des espaces verts et autres lieux, notamment par la surabondance des fientes.

En Ontario, des mesures ont été prises pour contrôler la population.

Aujourd’hui, on estime que près de 5 % de la population générale des bernaches demeurent dans les régions habitées

Bernache ou outarde?

Dans le langage populaire, on dit souvent le mot outarde à propos de la bernache du Canada. Ce nom a été donné par les premiers colons français, car la forme de l’oiseau leur rappelait vaguement l’outarde canepetière, autrefois commune en Europe mais aujourd’hui menacée.

Pourtant, l’outarde fait partie de la famille des otididés, alors que la bernache est une représentante de la famille des anatidés, grand groupe englobant les cygnes, les oies et les canards.

Vie familiale

À l’état sauvage, la bernache du Canada vit en moyenne 15 ans, le record de longévité étant de 24 ans. Un oiseau en captivité aurait atteint les 60 ans.

Elle est apte à se reproduire à l’âge de deux ans, période d’union entre le mâle et la femelle, lesquels revêtent un plumage identique. Un couple engendre de cinq à sept oisillons.

Un couple de bernaches restera ensemble pour la vie. Précisons cependant que si l’un des partenaires périt, l’autre pourra tisser des liens avec un nouvel élu, contrairement à la croyance populaire.

Journaliste indépendant pour divers magazines et autodidacte dans l’apprentissage de l’ornithologie, Bernard Cloutier est vice-président de la Société ornithologique de Lanaudière. Il est aussi conférencier et rédacteur en chef du bulletin L’Oriole, publié par cet organisme. Pour lui écrire: b.clou@hotmail.com