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<em>La Belle et la Bête: </em>l’histoire éternelle

Michelle Laliberté, dans le rôle de Belle.

La Belle et la Bête: l’histoire éternelle

Publié le 20/01/2012

Le Théâtre Lionel-Groulx a pris des airs de château enchanté, le 8 janvier dernier, alors que la troupe du Socioculturel envahissait le plateau pour sa comédie musicale annuelle.

C’est La Belle et la Bête, version de Broadway inspirée du film de 1991 de Walt Disney, qui a été choisie cette année par le metteur en scène Guillaume Turcotte, pour émerveiller le public une nouvelle fois. Belle, Gaston, LeFou, Maurice, la Bête, Lumière, Big Ben et les autres étaient tous de la fête pour nous faire revivre cette histoire éternelle… Celle du jeune prince ensorcelé, condamné à arborer l’apparence d’une bête, à la recherche de celle qui l’aimera d’amour et ainsi conjurera ce sort qui punit son égoïsme.

Dans le rôle de Belle, Michelle Laliberté se démarque par son naturel et sa voix maîtrisée. Elle sait éviter le surjeu et les accents mélodramatiques, conférant ainsi à son personnage caractère et dignité. Alexis Lacerte-Roy chante la douleur de la Bête avec beaucoup de coffre et d’intensité, tandis que le Gaston de Christian-Philippe Consigny nous semble encore plus vil que sa version animée, heureux mélange de ridicule et de misogynie. À ses côtés, Kevin Julien se débrouille fort bien dans la peau de LeFou, acolyte comique de Gaston. Le duo de Big Ben et Lumière, respectivement interprétés par Tomy Carranza Ladry et Guillaume Magnan, nous fait bien rigoler, complices tels deux vieux amis ayant passé beaucoup trop de temps ensemble. Autour d’eux, les habitants ensorcelés du château et les villageois, tous tirent leur épingle du jeu, formant des tableaux dynamiques et colorés, particulièrement lors des numéros de groupe.

La scénographie de Stéphanie Legault permet de recréer les différents lieux de l’histoire, à l’aide de panneaux coulissants s’ajoutant aux structures praticables, masquant ou révélant des éléments de décor. Ce procédé nous transporte ainsi aisément du village au château, de la taverne à la forêt. Le tout est baigné par l’éclairage fantaisiste de Jean-Philippe Casavant, aux couleurs saturées et éclatantes qui nous plongent facilement dans l’univers du conte. Les costumes signés Mathieu Prud’homme sont des plus impressionnants, particulièrement ceux des habitants du château enchanté, hauts en couleur et ingénieux. Impossible aussi de passer sous silence le travail des musiciens dissimulés dans la fosse d’orchestre et dirigés par David Rhéaume, tant ils contribuent, par leur présence à la fois imposante et discrète, à donner vie à l’histoire en appuyant richement chansons et actions.

Dans son mot du metteur en scène, Guillaume Turcotte avoue d’emblée avoir été trompé par les souvenirs de l’enfant qu’il était à la parution du film de Disney. Il gardait du conte l’impression d’une «histoire usée couleur rose lilas». Cependant, après des recherches plus poussées, le metteur en scène a été séduit par le potentiel dramatique de l’histoire et la dualité des personnages, par l’idée d’un amour impossible et le sentiment exprimé par Belle d’être incomprise, différente, seule au monde. Ces thèmes universels et intemporels sont au cœur de ce spectacle présenté avec cœur, enthousiasme et un plaisir évident par ses créateurs, interprètes et musiciens.