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Kenny Wayne: la musique à l’état pur

Au lieu de faire cavalier seul comme il se devait

Kenny Wayne: la musique à l’état pur

Publié le 26/04/2013

«You love the blues? Me too!»

C’est ainsi que nous accueille Kenny Wayne, dit le «Blues Boss», lors de son passage au Cabaret de l’église Sacré-Cœur, le 20 avril dernier.

La simplicité de ces paroles, la chaleur avec laquelle elles sont prononcées, peuvent résumer à elles seules l’atmosphère de ce concert: un piano, un tambour et le blues endiablé de Kenny Wayne, une musique à l’état pur, sans artifices pour nous en distraire. Le tout livré par un artiste à la personnalité exubérante et à la passion irrésistible.

Comme l’évoque le titre de son plus récent album, An Old Rock on a Roll, Kenny Wayne roule sa bosse depuis plusieurs décennies. Né en 1944, il est un prodige du piano dès sa plus tendre enfance, qu’il passe en Nouvelle-Orléans. Alors que son père, un révérend, l’encourage à jouer de la musique gospel, il apprend secrètement les rudiments du blues et du boogie-woogie. Il raconte d’ailleurs qu’en 1962, effrayé par «la musique du diable», son père a déjà interrompu l’une de ses performances et l’a littéralement tiré du banc de piano pour l’entraîner hors du club où il se produisait.

Mais cet épisode n’a pas empêché Kenny Wayne de continuer à jouer, surtout du soul et du R&B, jusqu’aux années 1990 où il assume pleinement son amour du blues et décide d’y consacrer sa carrière. À travers le monde, il partage ses mots et sa musique, facilement reconnaissable à sa voix chaude et nuancée, son doigté expert et son écriture habile, mais aussi ses habits de scène hauts en couleur.

La semaine dernière, au Cabaret de l’église Sacré-Cœur, arborant un veston doré miroitant sous les projecteurs, il promettait toute une soirée à un public particulièrement en forme.

Au lieu de faire cavalier seul comme il se devait, Kenny Wayne se présente sur scène avec son ami John, batteur. Celui-ci accompagne à merveille le piano versatile du Blues Boss, appuyant les mélodies festives du boogie-woogie et celles, langoureuses, du blues.

Ainsi, le duo s’en donne à cœur joie, livrant une performance riche et dynamique, dont l’énergie contagieuse circule librement dans toute la salle. Les spectateurs quittent leurs sièges pour danser à leur aise, saluent spontanément les envolées dans de longues pièces étoffées qui prennent parfois l’allure de transes musicales, interagissent avec l’artiste au piano.

Ce dernier se montre accessible et sympathique, prenant le temps de parler au public, de se raconter lui-même ainsi que ses chansons. Celles qu’il écrit lui-même et celles qu’il reprend sont également appréciées, les spectateurs battant la mesure de rythmes variés, rock and roll, blues, boogie-woogie, très dansants, entraînants, ou encore tout doux, lancinants.

Kenny Wayne célèbre également ses racines avec beaucoup de cœur, revisitant en musique son héritage louisianais, ou partage avec nous sa chanson favorite, Blueberry Hill, excellente et biengroovy. Le duo complice s’amuse ferme, le public aussi, et c’est à contrecœur que le public le laisse partir, après un rappel généreux et intense, à l’image de toute cette soirée passée en compagnie de Kenny «Blues Boss» Wayne.