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Ingrid St-Pierre: la dessinatrice de chansons

Ingrid St-Pierre, charme, étonne et envoûte avec sa poésie habilement imagée.

Ingrid St-Pierre: la dessinatrice de chansons

Publié le 14/12/2012

Une fois de plus, la petite salle à l’ambiance feutrée du cabaret de l’église Sacré-Cœur fût le théâtre d’un coup de cœur inespéré pour l’auteure de ces lignes.

N’ayant que peu entendu parler de la blonde Ingrid St-Pierre, je ne me doutais pas dans quel engrenage je venais de mettre le doigt en faisant mon entrée dans ledit cabaret, lequel regorgeait d’un public de tous les âges, bien conscient et bien heureux de se voir ensorcelé par la douce magie de l’auteure-compositrice-interprète.

Entourées des Quatr’Ailes, quatuor à cordes tout féminin formé de Camille Paquette-Roy, Sarah Martineau, Shonna Angers et Édith Fitzgerald, et elle-même au piano, Ingrid St-Pierre, charme, étonne, envoûte.

Égrenant les notes comme autant de gouttes de pluie, Ingrid st-Pierre débute le concert sans préambule. Une mélodie aux notes délicates et cristallines rappelant l’Émilie Simon de La marche de l’Empereur emplissent bientôt l’espace, nous happant doucement dans le tourbillon réconfortant de sa poésie. Alors que les tambours se font battements de cœur, les harmonies vocales des Quatr’Ailes, font penser à de la barbe à papa, aériennes et sucrées.

Mais il y a souvent une mélancolie sous-jacente aux textes, magnifiquement imagés et habilement tissés, d’Ingrid St-Pierre. Une mélancolie lumineuse, cependant, à l’image de ces jours pluvieux où le soleil semble constamment sur le point de percer les nuages sans toutefois y arriver.

On le voit à ses yeux brillants de souvenirs, alors qu’elle incarne l’amoureuse fuyante de Feu de Bengale, qu’elle exprime doucement une tristesse résignée teintée d’un fol espoir dans Les Ex ou encore qu’elle évoque tendrement la nostalgie d’une relation terminée avec Une luciole sur un high et Planque à libellules, ou qu’elle se glisse avec intensité dans la peau de l’amante des Avalanches, puis dans celle, émotive mais solide, de la grande sœur de La courte échelle.

Ingrid St-Pierre, c’est aussi une fille éminemment sympathique et pleine d’humour, qui se dit maladroite comme pas une. Elle s’ouvre donc à nous sans pudeur, dit-elle, espérant que les spectateurs qui se reconnaîtront dans sa maladresse l’aideront à s’y sentir moins seule.

À ses textes aux rimes oniriques se mesurent donc des pièces telles Mercure au chrome et p’tits pansements, savoureuse d’autodérision, Valentine, avec son personnage d’amoureuse transie et harceleuse, ou bien Pâtes au basilic, empreinte d’humour noir. Mais quel que soit le ton qu’elle choisisse de donner à ses chansons, l’écriture d’Ingrid St-Pierre est toujours aussi recherchée, habile et astucieuse.

Le plus beau, c’est qu’on ne sent pas l’effort derrière ces judicieuses tournures de phrases, ces figures de style génératrices d’images joliment embrumées, que cette joueuse de mots, cette dessinatrice de chansons, nous offre de sa voix douce aux inflexions délicatement flûtées.

Avec ses mélancoliques mélodies au piano, étoffées des violons, percussions et violoncelle des Quatr’Ailes, un concert d’Ingrid St-Pierre, c’est un moment chaleureux hors du temps, une escale au cœur du rêve, une petite pause de réalité avant d’y retourner, dans la froideur d’un soir de décembre.