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Impasse du désir: le dialogue entêté

(Photo Yves Déry)

Impasse du désir: le dialogue entêté

Publié le 29/03/2011

Déjà, le titre fait peur. L’impasse, par définition, ne mène nulle part et l’on peut compter sur le désir pour s’enrouler sur lui-même. Un film suisse avec Rémy Girard en français international imposait déjà un certain décalage, duquel le scénario entêté du film de Michel Rodde ne nous a jamais sortis.

Le psychiatre Robert Block mène une belle vie de couple avec une agente d’artistes fort jolie qui, malencontreusement, le quittera pour son jeune protégé du moment. Parallèlement (et c’est la dimension de l’histoire qui confine à un dialogue en huis clos), Robert traite Léo Leblond, un psychotique éconduit dont il forcera le transfert sur sa propre femme infidèle, afin d’exercer sa vengeance.

Après une enfilade de scènes statiques dont seule la photo est appréciable, la langueur du début semble promettre davantage de suspense avec l’influence du psychiatre sur son patient, mais Rodde n’a aucun talent pour le rythme et la seule part humoristique promise fut d’entendre Rémy Girard élaborer sa vengeance au volant de sa voiture sur un petit ton perfide, quoique c’était pas supposé être celle-là, la comique, et je n’ai franchement pas vu passer les autres traits d’humour.

Mais ça valait tout de même le déplacement pour la première demi-heure, qui fut une rencontre avec Rémy Girard, à l’invitation de Ciné-Groulx. Le comédien conviait l’auditoire à donner une deuxième vie à Cabotin, qui sort en vidéo. «Les distributeurs y croyaient plus ou moins», déduit-il du fait que le film est sorti au milieu de l’été.

Il faut souligner l’animation de Frédéric Lapierre qui disait «nous avons tous en chacun de nous un petit Rémy Girard illustré», avec les quelque 120 rôles de sa carrière, mais c’est l’anecdote de sa jeunesse estudiantine qui nous amusait le plus.

C’était à l’époque où il y avait beaucoup d’évasions à la prison d’Orsainville, près de l’autoroute 20. Or, l’étudiant Girard et ses potes ont convaincu un fournisseur de Transports Québec de leur fabriquer un panneau en règle sur lequel il était écrit «Traverse de détenus».

Comble du ridicule, un prisonnier s’enfuit dans la nuit et aux petites heures, les photographes de presse amenés sur place captent la fameuse signalisation, qui fait le tour du monde en une semaine.

Voyez, même avec un film ennuyeux, il y a toujours une bonne raison d’adhérer au cinéma du Théâtre Lionel-Groulx.

Une visite sur le site [www.theatrelg.com] et vous constaterez que ce qui est à l’avenant ne pourra que vous intéresser, d’abord avec Nathalie Portman qui s’élève sur pointes et se dépasse comme actrice dans Le Cygne noir (le 3 avril), puis Le Discours du roi et la performance de Colin Firth (10 avril), ensuite Curling, de Denis Côté, précédé d’un court-métrage de Serge Noël intitulé Demain j’irai dans les champs (1er mai). On poursuit avec un film d’époque dans La Princesse de Montpensier (16 juin) et le troublant Des hommes et des dieux (23 juin), pour clore sur la version originale sous-titrée du film de Mike Leigh, Another Year (30 juin).

Le prix d’entrée n’est que de 5,05 $, il n’y a pas de pop-corn mais toujours une animation très intéressante avec, très souvent, les comédiens et les réalisateurs des films proposés.