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Frédéric Lapierre fait son cinéma

(Photo Pierre Latour)

Frédéric Lapierre fait son cinéma

Publié le 01/02/2011

Nouveau Rendez-vous au coin du feu à la maison Lachaîne, le premier de l’année 2011, mettant une nouvelle fois en vedette le talentueux et toujours étonnant Frédéric Lapierre.

On le connaît comme auteur, cinéaste et animateur pour Ciné-Groulx, mais aussi comme un cinéphile avide, boulimique de films et de culture cinématographique. C’est donc la naissance de cette passion pour le septième art, ce «grand mal» apparemment incurable dont il se dit atteint, qu’il nous raconte dans En allant au cinéma, accompagné sur scène par Sylvain Hétu.

C’est d’ailleurs vêtu d’une camisole de force qu’il y prend place, guidé vers le micro par son complice, lequel se fera parfois le porte-parole ou l’alter ego de Lapierre dans ce qui se révélera un captivant dialogue avec lui-même. C’est avec un humour habile, une bonne dose d’autodérision et une passion palpable que l’auteur nous révèle les innocents débuts de cet amour qui allait devenir dévorant.

En effet, un jour comme les autres, en 1985, le jeune Frédéric de dix ans décide de noter dans un cahier Canada tous les films qu’il a pu voir à cette date. Cette collecte de données n’a jamais cessé depuis, le plaçant devant le problème insoluble du cinéphile: il faut tout voir et tout avoir vu…

Toujours accompagné par le cinéma, Frédéric Lapierre traverse et relate les différentes étapes et les points tournants de sa vie. De la présence bienveillante du cinéma américain, son «troisième parent», à son premier «choc d’écran» en voyant sa propre réalité représentée dans La Guerre des tuques, en passant par les rendez-vous galants infructueux dus aux «fausses bonnes idées» générées par sa curiosité nouvelle pour le cinéma étranger, toute l’existence de Frédéric Lapierre semble vouée au cinéma.

Toutes ses existences, devrait-on dire, car tel un chat, Lapierre a vécu plusieurs vies de cinéma, d’étudiant à journaliste, d’animateur de radio à cinéaste lauréat de plusieurs prix à animateur de ciné-club.

Le récit est imagé, expressif, dynamique alors que l’auteur et Sylvain Hétu s’en donnent visiblement à cœur joie à rendre concrète cette passion vibrante qui anime Frédéric Lapierre. On rit en écoutant le rôle qu’ont joué les hormones de Frédéric adolescent dans sa découverte du cinéma étranger, on est touché en entendant l’histoire d’amour qui lie sa belle-mère et «Dr Zhivago», de même que l’on réfléchit à ses propos émotifs ou critiques face au cinéma sous toutes ses facettes, à l’accessibilité facile qui tue l’attente et le désir des amateurs de cinéma qui sont plutôt devenus des consommateurs de films.

Par ce spectacle, Frédéric Lapierre célèbre le cinéma d’ici, celui d’ailleurs, ses artisans et ses partisans. Et même s’il dit vouloir se guérir de cette obsédante passion, il semble que c’est avec un certain plaisir qu’il se laisse repasser la camisole de force du malade de cinéma…