logo journal nord-info
icon journal
Épouvante et émerveillement

Épouvante et émerveillement

Publié le 12/01/2010

Pour une inconditionnelle de l’œuvre de Tim Burton telle que l’auteure de ces lignes, la réalisation «en vrai» de l’incontournable Étrange Noël de M. Jack relevait du fantasme. C’est donc avec fébrilité et une légère appréhension que je prenais place au Théâtre Lionel-Groulx pour une représentation de ladite comédie musicale, préparée par le comité socio-culturel du Collège, qui fait de ces spectacles un évènement annuel habituellement réjouissant.

Scénario de Tim Burton, réalisé au cinéma par Henry Selick sur des musiques de Danny Elfman, L’étrange Noël de M. Jack raconte les péripéties de Jack Skellington, maître de l’épouvante à Halloween Town, qui tente d’échapper à son quotidien en se chargeant de la fête de Noël en lieu et place du père Noël. Bien entendu, cette improbable rencontre entre les deux univers ne se fera pas sans heurts, Jack et ses concitoyens kidnappant le bon Saint-Nicolas et distribuant aux enfants du monde des présents plutôt inhabituels…

Le rideau s’ouvre sur un décor impressionnant conçu par Mari-Philippe Comeau, tout à fait dans le ton de l’univers particulier d’Halloween Town, avec ses maisons étroites et biscornues, sa falaise en spirale, son cimetière à la clôture de fer forgé, le tout baigné des éclairages judicieux de Robin Kittel-Ouimet.

Dès le tout début du spectacle, on en a déjà plein la vue et les oreilles avec un numéro d’ouverture prometteur qui met en vedette les habitants de la ville, dans une chorégraphie des plus dynamiques de Nicolas Patry. Les costumes de Laurence Payette sont plutôt fidèles au film, avec une relecture intéressante du personnage du méchant Oogie Boogie, que la conceptrice a choisi de présenter comme un gangster en complet, au faciès rappelant Beetlejuice. Beaucoup de belles trouvailles aussi au niveau de la mise en scène, signée Guillaume Turcotte, pour recréer sur scène certains passages du film, telle la chute de Jack vers le pays des songes, le chien volant Zéro avec son manipulateur à vue, ou encore la visite de la poupée Sally à Jack. Et c’est avec un émerveillement non dissimulé que le public reçoit le changement de décors le faisant passer de la grise Halloween Town à la colorée Christmas Town, avec ses lumières, ses lutins et même de la neige!

Sur scène, le plaisir des comédiens, chanteurs et danseurs est palpable, de même que dans la fosse d’orchestre où les musiciens s’en donnent à cœur joie en interprétant les musiques avec cohésion et de manière très vivante. Dans le rôle principal, Hugo Charland rend bien en chanson la folie de Jack et son obsession pour la fête de Noël, tandis que Catherine Leroux apporte beaucoup de douceur à son interprétation de Sally, par ailleurs assez fidèle au film, tout comme celle d’Hugo Fortin, dans le rôle du Maire dépassé par les événements.

On retiendra également la performance comique de Symba-Zoé Lauzon en Igor, déclenchant immanquablement les rires du public par son jeu corporel, dans la peau du serviteur de l’excentrique et exigeant Dr Finkelstein (François Mathieu). Valérie Sauvageau campe quant à elle Oogie Boogie, lui prêtant avec habileté sa voix aux accents blues, alors que Christian-Philippe Tourigny octroie caractère et détermination à son père Noël en fort mauvaise posture. Les malins Am, Stram et Gram (Kassandra Archambault, Stéphanie Caron et Laura Dubesson) réjouissent le public par leur énergie inépuisable et leurs mauvais tours, alors que les vampires aristocratiques, sorcières aguichantes et autres momies, clown et loup-garou complètent le tableau avec succès.

C’est donc dire que le comité socio-culturel du Collège Lionel-Groulx signe une nouvelle réussite avec sa comédie musicale annuelle, projet qui permet depuis plusieurs années aux étudiants de tous les programmes de s’impliquer dans un spectacle à grand déploiement. Une belle opportunité de prendre part à un projet artistique et une tradition qui gagne à être poursuivie.