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Édition: Joey Cornu a 11 ans et 40 livres

Claudie Bugnon

Édition: Joey Cornu a 11 ans et 40 livres

Publié le 04/11/2013

Il aura fallu 15 années à Claudie Bugnon, en traduction et publicité, avant de se lancer dans le monde de l’édition en fondant Joey Cornu, une micromaison autonome dont la vocation consiste à publier de jeunes auteurs.

«Je ne savais rien de l’édition», s’amuse notre invitée en se remémorant ses premières négociations avec le milieu. «Aujourd’hui, je me trouverais pas mal effrontée», continue l’éditrice qui a publié une quarantaine de livres en un peu plus de dix ans.

L’idée était d’ores et déjà en gestation dans la tête de Claudie Bugnon de fonder une maison d’édition pour jeunes auteurs, en janvier 2002, et elle s’est précisée avec la lecture du manuscrit intitulé Qui hiberne, qui hiverne, de Serge Gagnier.

Autour de cette première édition, qui avait d’ailleurs beaucoup plu au critique littéraire Jean Fugère, l’éditrice obtient une entente de distribution avec Édipresse qui reconnaît la qualité de l’ouvrage. Son aspect documentaire en fait un titre potentiellement populaire pour le distributeur, ce qui s’est effectivement avéré.

Mais des critiques font les chaudes gorges par la suite face à des titres comme Il fait trop clair pour dormir, de Jean‑François Bernard, un roman sur le suicide dont certains ont décrié le traitement du sujet, alors même que les ressources de l’hôpital Sainte-Justine en faisaient une référence en la matière.

«C’est essentiel de trouver un créneau pour exister en édition», explique l’éditrice, mais la vocation qu’elle se donne subit le sobriquet de staracadémisation de la littérature par des critiques qui la prennent de haut.

«J’aurais pu vivre un grand doute», en dira Claudie Bugnon, mais seul le conditionnel est dans la conjugaison, pas dans la réalité.

Quoique neuf écrivains d’expérience, dont l’auteur de ces lignes, s’associeront en épousant la particularité de Joey Cornu dans une optique de mentorat, mais aussi de rentabilité, parce que la maison fonctionne sans subventions.

Onze ans et 40 livres plus tard, Joey Cornu commence à avoir de l’étoffe et les projets fourmillent toujours dans la tête de Claudie Bugnon qui verrait bien une relation directe entre ses jeunes auteurs et les élèves des écoles de la région. «Pourquoi pas une école, un auteur?» propose l’éditrice pour stimuler l’écriture chez les jeunes.

Claudie Bugnon fonctionne seule et en mode multitâche. Imaginez la correspondance quand on se donne de surcroît un rôle pédagogique envers les jeunes auteurs. Puis viennent la correction, le montage, les illustrations, l’imprimerie, la distribution, les redevances et la représentation dans les salons…

La «couveuse» a fait éclore des romans et des ouvrages qui font maintenant sa réputation et il y a même Jim Cornu, l’alter ego de l’autre, dont le livre Que faire de toute cette encre, avec des exercices littéraires pour les 9 à 14 ans, connaît beaucoup de succès chez les enseignants.

Le site Internet de Joey Cornu est un carrefour pour les jeunes scribes et l’enseignant y trouvera nombre d’idées et des propositions d’animation dans le cadre du programme culture-éducation. Joey Cornu sera par ailleurs au kiosque 338, au Salon du livre de Montréal.

Et puis, après onze ans, qu’en dit Claudie Bugnon à propos de la promotion de jeunes talents en édition? «J’y crois encore», répond Joey Cornu.