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Dépêché à Lac‑Mégantic: le lieutenant pompier Mathieu Lacombe sur la ligne de front

Le lieutenant pompier Mathieu Lacombe

Dépêché à Lac‑Mégantic: le lieutenant pompier Mathieu Lacombe sur la ligne de front

Publié le 09/08/2013

Petit garçon, il admirait son père et son grand‑père, tous deux pompiers de métier. «Ça a toujours été clair pour moi que je serais pompier à mon tour», indique Mathieu Lacombe, 29 ans, lieutenant pompier au Service de sécurité incendie de la Ville de Sainte-Thérèse depuis une dizaine d’années.

Le 6 juillet dernier, dans les minutes qui ont suivi la tragédie de Lac‑Mégantic, Mathieu Lacombe a soudainement pris conscience de l’ampleur de sa vocation. «J’étais avec mon frère (aussi pompier à L’Assomption) sur les médias sociaux et on voulait savoir ce qui se passait», se rappelle‑t‑il. Contacté dès le lendemain par des amis et collègues pompiers d’Ottawa, Mathieu Lacombe n’avait plus dès lors qu’une idée en tête: se rendre sur les lieux et aller donner un coup de main à ces gens. «Dès que j’ai eu le go de mes supérieurs, je suis parti», lâche‑t‑il.

Le 11 juillet au matin, il est finalement arrivé sur les lieux. «J’avais l’impression de débarquer en zone de guerre. Tout était noir, brûlé. Partout on voyait des taches vertes de pétrole et l’odeur était insoutenable», souffle‑t‑il. Au total, Mathieu demeurera 15 jours à Lac‑Mégantic, 15 jours durant lesquels il travaillera jusqu’à 16 heures par jour, d’abord à titre de chef d’équipe des opérations de secours (recherche des victimes et des corps), puis à titre de responsable de la coordination logistique et opérationnelle sur le terrain, d’officier en santé et sécurité pour tous les intervenants ainsi qu’officier du poste de commandement incendie du site. «Partout on sentait une collaboration incroyable et les gens de Lac‑Mégantic nous ont tout de suite fait confiance», a‑t‑il tenu à souligner.

De retour depuis quelques jours seulement, le lieutenant Lacombe raconte avec encore beaucoup d’émotion ces fois où les gens ont applaudi, littéralement, le travail accompli par les équipes de secours, au sortir de la zone sécurisée. Puis, cette fois où les 50 coups de cloche ont résonné. «Tous les pompiers ont alors formé une haie d’honneur… tout ce qu’on voyait, c’était une marée humaine de pompiers», souffle‑t‑il, la voix brisée. À tous ses collègues pompiers de Lac‑Mégantic, Mathieu a aussi tenu à lever son chapeau. «Ces gars‑là sont pratiquement devenus ma famille. Ils ont fait un travail incroyable», évoque‑t‑il, convaincu que les liens développés entre eux perdureront.

Expérience et expertise 

Reste qu’au‑delà de l’expérience humaine et du traumatisme indissociable qui en découle, le séjour de Mathieu Lacombe à Lac‑Mégantic aura aussi contribué à lui permettre d’acquérir une solide expertise. «Advenant qu’un tel évènement se produise à Sainte-Thérèse, on a maintenant l’expertise pour réagir», pointe‑t‑il.

Humble malgré le poids des responsabilités qui lui ont été confiées, Mathieu Lacombe a aussi insisté sur la venue à Lac‑Mégantic de ses collègues pompiers Carl Chartrand, Maxime Paulo, Jonathan Robert, Jeremy Perrault et Roch Dumoulin, le 15 juillet, pour une période de trois jours (voir autre texte). «J’ai travaillé là‑bas avec des pompiers des États‑Unis et de partout au Québec. Mais c’était important que ma gang soit là. Ça m’a fait du bien de les voir arriver», mentionne‑t‑il. Les directeurs du Service de sécurité incendie de Sainte-Thérèse, Richard Grenier et Mario Céré, de même que le directeur du Service de sécurité incendie de Mirabel, Denis Maurice, se sont également rendus sur les lieux afin de constater le travail effectué par les équipes de secours, tout comme le Service de sécurité incendie de Blainville qui a envoyé une équipe formée de deux chefs et de cinq pompiers, du 19 au 21 juillet.