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David Vest et les amis du blues

David Vest entraîne le public dans un riche périple musical ponctué d’anecdotes judicieusement choisies.

David Vest et les amis du blues

Publié le 22/04/2014

«Bonsoir mes amis et tous les amis du blues!» Tels ont été les premiers mots adressés par l’artiste blues David Vest au public térésien lors de son passage au cabaret de l’église Sacré-Cœur, le 12 avril dernier.

Les amis du blues emplissaient environ la moitié de l’intime salle de concert, mais leur enthousiasme et leur chaleur compensaient leur petit nombre. De toute façon, les absents étaient tous perdants, car c’est toute une soirée que nous a fait vivre David Vest, ce dernier se faisant bien plus qu’un ami du blues: un amoureux passionné, épris de cette musique depuis plus de cinq décennies.

David Vest voit le jour en 1943, à Birmingham, en Alabama. Il apprend le piano et entame une carrière professionnelle dès l’âge de 15 ans, inspiré par Jerry Lee Lewis, Johnny Cash et Carl Perkins. Au rythme du boogie-woogie, il roule sa bosse dans les roadhouses et honky tonks du sud des États‑Unis, puis joue avec Roy Orbison, Ace Cannon, Bill Black.

David Vest étudie aussi la littérature, enseigne et écrit, puis quitte l’enseignement et se consacre à la tournée. Il enregistre plusieurs albums (dont un à paraître le 29 avril prochain), seul ou accompagnant d’autres artistes, remporte de nombreux prix, incluant celui de Pianiste de l’année en 2013, lors des Maple Blues Awards au Canada (car il habite Vancouver). Se qualifiant avec humour de «Canada’s oldest most promising piano player», il demeure bien de son temps, possédant sa propre application pour téléphones intelligents!

Avec une humilité, une aisance et une décontraction qui peuvent seulement être l’apanage d’un artiste aguerri, David Vest entraîne le public dans un riche périple musical ponctué d’anecdotes judicieusement choisies. Lui‑même à la voix et au piano, accompagné du guitariste Teddy Leonard, du batteur Michael Fitzpatrick et du bassiste Gary Kendall, David Vest propose un feu roulant de pièces aux styles variés, passant allègrement d’un boogie-woogie endiablé aux accents rock and roll à un blues parfois langoureux, parfois teinté de country. L’équilibre des saveurs est parfait, les changements s’opérant avec fluidité, l’énergie et la cohésion au sein de l’orchestre toujours au maximum.

Battant la mesure, dansant sur sa chaise, le public s’enflamme pour les envolées pianistiques vertigineuses, saluant bruyamment le doigté ultrarapide de David Vest sur des morceaux boogie-woogie irrésistiblement dansants. La tête d’affiche quitte parfois son piano, laissant la tribune à ses acolytes musiciens pour mieux les écouter, claquant des doigts avec délectation, secondés par «les amis du blues».

Ceux‑ci savent également faire preuve d’une écoute quasi religieuse lors de pièces plus sombres et introspectives, durant lesquelles ils apportent discrètement leur soutien à l’homme au piano, qui exprime rage et douleur contenues. Entre les pièces, David Vest s’adresse le plus souvent possible en français aux spectateurs, soucieux d’établir un lien solide et complice avec ces derniers.

En fin de concert, l’infatigable vétéran se réinstalle à son instrument pour un rappel vivement réclamé. Il y va d’une mélodie aux accords délicats, avant d’être rejoint par ses musiciens pour un blues classique. Sur les dernières notes, alors qu’il nous salue d’un chaleureux «Bonsoir mes amis!» On a vraiment l’impression de faire partie d’un cercle de privilégiés.