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Boisbriand: vifs échanges autour des contrats truqués

Boisbriand: vifs échanges autour des contrats truqués

Publié le 03/04/2014

L’affaire Sylvie St-Jean continue de créer des remous dans la communauté boisbriannaise.

Pressés de questions concernant le système de fraude dans l’attribution des contrats, durant le règne de leur chef de parti, les conseillers de l’opposition, désormais indépendants, ont été forcés de défendre publiquement leur intégrité lors de la dernière séance du conseil municipal, qui se tenait le 1er avril.

La première période de questions réservée aux citoyens a rapidement pris des allures de règlement de comptes lorsque Dominic Descôteaux, ancien organisateur de la campagne électorale de l’équipe Cordato, s’est avancé au micro pour enjoindre Mario Lavallée et Lyne Levert de dire s’ils savaient ou non qu’il se passait des irrégularités dans l’attribution des contrats. «J’aimerais savoir si vous étiez au courant que ça existait dans votre parti?» leur a-t-il demandé.

Rappelons que l’ancienne mairesse Sylvie St-Jean a avoué récemment sa culpabilité à des accusations de fraude, de complot pour fraude, d’abus de confiance et de complot pour abus de confiance.

L’interdiction de publication, levée le 25 mars, a permis d’apprendre qu’un système d’attribution de contrats truqués, qui aurait été mis en place par l’ancien maire Robert Poirier, avait existé pendant dix ans et favorisait les firmes Roche, BRP-Triax et le Groupe Séguin, renommé depuis Génius.

Mme Levert a d’abord tenté d’impliquer l’actuelle mairesse Cordato comme participante au processus. Celle-ci faisait référence à un article publié le 24 mars dernier dans Le Journal de Montréal et qui cite la Poursuite (à partir des aveux de Mme St-Jean): «(À l’automne 2006), une entente intervient entre Sylvie Berniquez St-Jean et Marlene Cordato, de l’opposition. Selon cette entente, la firme Roche avait le contrat d’ingénierie de l’usine, alors que BRP-Triax, liée au parti du pouvoir, et Génivar, liée à l’opposition, se sépareraient les autres contrats moitié-moitié

«On sait que pour votre parti, l’attaque a toujours été la meilleure défense», a répliqué pour sa part Mme Cordato, visiblement piquée au vif.

«Mais à ce que je sache, ce sont Mme Cordato et Patrick Thifault qui ont levé la roche face à ça», leur a fait valoir Dominic Descôteaux.

Sur ce, Lyne Levert a répondu que les conseillers municipaux n’étaient pas tenus au courant des transactions. «Il y a des choses qui se passent en haut, des directions qui se prennent par les maires, dont nous ne sommes pas au courant. Quand M. Lapointe (André Lapointe, directeur du service de génie) et Mme Mongeau (Me Lucie Mongeau, greffière) nous disent que le contrat est conforme, comment fait-on pour savoir?»

«Expliquez-moi les 55 000 $ que votre parti a réussi à avoir», a répliqué M. Descôteaux, faisant référence à l’argent que le Parti solidarité Boisbriand aurait reçu des ingénieurs en retour d’un contrat obtenu.

Selon Mme Levert, les conseillers municipaux ignorent tout de l’argent qui parvient à leur parti politique. «La seule chose qu’on me demandait, c’était de me concentrer sur le porte-à-porte.»

Après l’intervention de M. Descôteaux, l’ancien conseiller Patrick Thifault a poursuivi sur la même lancée, ciblant pour sa part l’augmentation d’honoraires de 418 000 $ accordée à la firme Roche, qui soumissionnait alors pour «des plans et devis et surveillance sur un contrat».

Selon lui, cette augmentation importante aurait dû susciter davantage d’attention de la part conseillers municipaux de l’époque. «Pourquoi n’avez-vous pas posé de questions? Je m’en souviens très bien, nous étions tous les deux conseillers dans l’opposition, Mme Cordato et moi, et nous avons été les deux seuls à voter contre et à poser des questions», a-t-il fait remarquer.

Devant l’insistance de M. Thifault, qui désirait savoir si les membres de l’équipe St-Jean avaient obtenu des faveurs découlant de ce contrat, Mario Lavallée lui a répondu: «Comme je l’ai mentionné aux enquêteurs, en 2011, des cadeaux de Noël, la première année, on en a eu, des bouteilles de vin, oui. Des invitations aux matches de hockey aussi. Mais ça finit là.»