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Belle Dufresne

(Photo Yves Déry)

Belle Dufresne

Publié le 21/04/2009

Drapée de voilage blanc qui se teintait, au gré des chansons, parfois de bleu, parfois de rose, de mauve ou d’orangé, la scène du Théâtre Lionel-Groulx a accueilli une grande dame de la musique, le dimanche 5 avril dernier.

Du fond de la scène, toute de blanc et de noir vêtue, les cheveux blancs, ébouriffés, Diane Dufresne est apparue, pâle et fragile, conférant à l’ensemble, un aspect très théâtral.

Puis, sortie de nulle part, cette voix. Si riche et puissante malgré les années qui passent. Accompagnée par un quatuor (cordes et piano), la voix de Dufresne n’en était que plus belle. Dans un heureux mariage créatif de musique, de poésie, d’images et de toiles, Dufresne a d’emblée promis un partage des émotions. Elle a tenu parole.

Bien qu’offert sans entracte, son spectacle s’est naturellement divisé en deux parties. La première, essentiellement consacrée aux chansons figurant sur son dernier album Effusions, lesquelles ont été chantées avec beaucoup de grâce et d’humilité. En particulier Le dernier aveu, magnifiquement interprétée, et pour laquelle Dufresne a pris un plaisir manifeste à la jouer et la sentir. Ont ensuite suivi les J’t’aime plus que j’t’aime, Noire sœur, Mille et une nuits, L’été n’aura qu’un jour et Peindre des toiles, une chanson signée Daniel Bélanger.

Parmi les moments forts, l’interprétation vibrante de la chanson Je hurle, une chanson signée Nathalie Déry, dont la poésie contemporaine des mots se fondait à la musique d’où émanaient des hurlements de loups. Saisissant.

Terre planète bleue

Retirée de la scène, le temps, pour son premier violon, Philippe Dunnigan, d’entamer les premières notes d’Hymne à la beauté du monde, Dufresne est revenue au moment même où, spontanément, les gens se sont mis à fredonner l’air. Visiblement touchée, Dufresne n’a pas hésité à stopper son pianiste d’une main et à encourager de l’autre son violoniste à poursuivre ce dialogue improvisé, mais combien mélodieux.

Dufresne a ensuite enchaîné avec Terre planète bleue, un très beau texte de Hubert Reeves mis en musique par Marie Bernard. Divisée pour l’occasion en quatre parties, Terre planète bleue aura, entre autres, été entrecoupée par une étonnante interprétation d’Oxygène, alors que Dufresne, chantant dans une version symphonique, est demeurée assise, presque tranquille.

D’une grande générosité envers son public, la belle Dufresne a ensuite demandé aux gens de noircir, à leur guise, de mots ou de dessins, la page blanche du programme. «Nous sommes tous des artistes, chacun dans notre domaine. Avec vos œuvres, je ferai une œuvre collective qui prendra place dans mon exposition, en 2010», a-t-elle indiqué.

Puis, au moment de quitter la scène, et après un dernier regard jeté dans la salle, Dufresne s’est demandé ce qu’elle aurait fait si elle n’avait pas été chanteuse. «Parce que si vous ne me regardez pas, je n’existe pas», a-t-elle soufflé, en quittant la scène.