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Arturo au pays des merveilles

Arturo au pays des merveilles

Publié le 14/09/2012

La scène est plongée dans une semi-pénombre. Un écran géant tel celui d’une salle de cinéma y présente une succession de scènes célèbres tirées de films connus. Pourtant, quelque chose cloche. Les visages des acteurs semblent différents, comme si les personnages étaient joués par des doublures…

C’est que quelqu’un s’est immiscé dans tous ces grands films, voulant faire partie de ces longs métrages légendaires, rencontrer leurs personnages mythiques. Arturo Brachetti réalise ainsi, dans l’introduction de son plus récent spectacle Brachetti fait son cinéma, un fantasme d’acteur et de cinéphile. De passage au Théâtre Lionel-Groulx, les 7 et 8 septembre derniers, ce maître de la métamorphose de renommée internationale a entraîné les spectateurs dans un véritable périple au cœur du septième art.

Avec plus d’une soixantaine de transformations, de magie et d’illusions, Arturo Brachetti raconte sa découverte du cinéma, traverse les lieux et les époques, explore les différents genres cinématographiques.

C’est d’abord en paroles, sur un texte poétique et théâtral, que Brachetti évoque son amour pour le septième art, qui l’a séduit et fasciné dès l’enfance. À la vitesse de l’éclair, il se fait tour à tour D’Artagnan ou Zorro, cow-boy blanc ou cow-boy noir. Mary Poppins devient Spiderman, qui se transforme enfin en Cruella DeVil à une cadence qui défie l’entendement. Le ton est donné, la magie du costume et des accessoires opère ainsi tout au long de la soirée… à la condition que l’on ait accepté de laisser à la maison la petite voix qui nous incite à chercher le truc, nous empêchant alors de savourer à sa pleine mesure l’émerveillement que peut susciter l’incompréhensible.

Dans ce spectacle-hommage aux films, acteurs, réalisateurs et personnages ayant marqué son imaginaire, Arturo Brachetti utilise sa propre vie comme fil conducteur. On le retrouve donc enfant, assistant à sa première projection cinématographique en compagnie de son père. Adolescent, il est fasciné par le Musée du cinéma de Turin, particulièrement par la salle des films d’horreur qui sert d’écrin à tout un numéro. Sombre et inquiétante, abritant cercueils, squelettes et portes secrètes, la salle des films d’horreur est un lieu de rencontre propice pour les Nosferatu, Jason de la série Vendredi 13, Regan, la fillette possédée de l’Exorciste, membres de la famille Addams.

Brachetti célèbre aussi le travail de Lon Chaney, dit «l’homme aux mille visages» et à Federico Fellini, créateurs qui l’ont ému et influencé, dans des numéros à saveur onirique et très personnelle.

La seconde partie du spectacle est consacrée au cinéma américain, Brachetti se consolant de son rêve hollywoodien déçu en créant son propre film, dans lequel il incarne tous ces personnages bien connus: de Jack Sparrow à Dorothée, de Frankenstein à Scarlett O’Hara, en passant par Gollum, Harry Potter, King Kong, Blanche-Neige et plusieurs autres.

Le tout est lié par des projections saisissantes et des touches d’humour ou de poésie, véritable feu roulant de métamorphoses. Cependant, malgré le nombre effarant de transformations et leur vitesse abracadabrante, les numéros les plus simples se sont, pour l’auteure de ces lignes, révélés les plus captivants.

Le chapeau de Pépé, par exemple, numéro durant lequel, avec pour seul accessoire un vieux chapeau mou, Brachetti incarne plus d’une vingtaine de personnages, modifiant seulement l’apparence du couvre-chef en le pliant. Ou encore l’évocation de ses nuits estudiantines et sans le sou, alors qu’il se faisait son propre cinéma à l’aide d’ombres chinoises des plus habiles et impressionnantes.