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Ajouter ma voix contre l’option du suicide

(Photo Michel Chartrand)

Ajouter ma voix contre l’option du suicide

Publié le 07/10/2010

Il n’est jamais trop tard pour bien faire et c’est un véritable cri de ralliement que viennent de lancer l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS) et le Centre de prévention suicide (CPS) Le Faubourg, qui placent la mobilisation sociale au cœur d’une campagne intitulée Ajouter ma voix.

Ensemble, on peut défaire un à un les nœuds encore tenaces de certaines croyances à propos du suicide. Non, il n’y a pas de prédisposition génétique à la chose. Et bien qu’il fasse 80 % de ses victimes chez les hommes, le suicide n’a pas génétiquement un sexe. Rassurant? Mettons. Peut-on vaincre le suicide? Oui.

Il s’est dit beaucoup de choses sur le phénomène et la mécanique du suicide, lors d’un point de presse tenu à Sainte-Thérèse et notamment animé par le directeur général de l’AQPS, Bruno Marchand, un homme qui porte avec une passion manifeste l’étendard de la mobilisation et qui croit fermement que l’on vaincra «l’agresseur» (c’est ainsi qu’il nomme le suicide) en changeant d’abord nos mentalités. Le suicide, chez nous, serait donc affaire de culture?

«Le Québec est devenu une terre d’accueil pour le suicide, à partir du moment où l’on s’est dit qu’on n’avait pas de prise sur lui, que c’était un choix», estime Bruno Marchand qui rappelle que, pendant qu’on en faisait un sujet tabou, le suicide a connu une progression fulgurante, du milieu des années 1960 jusqu’à la fin des années 1990 (au fait, on note une baisse moyenne de 4 % du taux de suicide par année depuis 2001, dans les Laurentides). «Le silence ne fait que donner de l’espace à cet agresseur», poursuit-il, glissant au passage que, dans les sociétés où l’entraide est culturellement valorisée, les taux de suicide sont à leur plus bas.

Or, depuis la naissance d’organismes comme l’AQPS (1986) et le CPS Le Faubourg (1993), la question du suicide a été examinée sous toutes ses coutures et l’on a acquis la conviction que dans la majorité des cas, la chose aurait pu être évitée. Très souvent, une personne sur le point de passer à l’acte pourrait y renoncer si le suicide ne lui apparaissait plus comme la seule option pour mettre fin à sa souffrance.

C’est d’ailleurs une phrase qu’on répète inlassablement chez les préventionnistes: une personne qui se suicide ne veut pas nécessairement mourir, elle veut juste cesser de souffrir. Il faut des gens, autour d’elle, qui lui feront sentir qu’elle est importante pour eux et qu’elle peut trouver la paix autrement. Que des ressources sont disponibles. C’est la clé. Il faut lui faire sentir qu’elle n’est pas un fardeau pour les autres et qu’elle ne leur rendra pas service en mourant. «On n’accepte pas facilement la souffrance, dans notre société», intervient alors Julie Campbell, directrice générale du CPS Le Faubourg, illustrant avec ironie qu’une bonne convention collective vous donne à peine une semaine pour vous remettre du deuil d’un proche, alors que la douleur sera vive pendant toute une année.

«Je suis très chanceuse d’être ici», a pour sa part commenté la chanteuse Marie-Ève Côté, qui a survécu à une tentative de suicide, à l’âge de 17 ans, c’est-à-dire il y a une douzaine d’années. Celle qui ignorait alors qu’il y avait d’autres options et des organismes qui viennent en aide aux suicidaires se fait désormais la porte-parole de la campagne qui s’amorce.

Ajouter ma voix

Or, cette mobilisation sociale se fait en deux temps. On vous invite d’abord à signer la déclaration de solidarité qui apparaît sur le site [www.ajoutermavoix.com]. Une fois réglé ce détail, on vous invite à passer à l’action, un engagement qui peut prendre différentes avenues: vous pouvez simplement afficher vos couleurs en portant un macaron, en diffusant le message à vos amis Facebook, inviter les autres à signer la déclaration de solidarité, diffuser vous-même le message de sensibilisation et de prévention des organismes, soutenir concrètement l’exercice de prévention du suicide en faisant un don à un organisme ou en vous y impliquant bénévolement.

«Ajouter ma voix, c’est dire que j’ai envie que ça change. Oui, le gouvernement pourrait en faire plus, mais le gouvernement ne va jamais plus vite que les citoyens. Engageons-nous», de conclure Bruno Marchand.