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Adib Alkhalidey: <em>«Alors, je te raconte…»</em>

En rodage de son premier spectacle solo

Adib Alkhalidey: «Alors, je te raconte…»

Publié le 08/03/2013

C’est une formule qu’utilisera souvent l’humoriste Adib Alkhalidey au cours de son premier spectacle solo, manière toute personnelle de considérer le public comme un complice à qui raconter ses dernières frasques et trouvailles.

Et c’est ainsi que l’on se sent, à l’écouter relater des anecdotes, exposer des théories, extrapoler l’issue des situations décrites. On en vient un peu à considérer Adib comme l’ami drôle du groupe, celui qui a toujours quelque chose à raconter et qui prend inévitablement le plancher à chaque party, mais que l’on écoute avec plaisir tant il demeure sympathique et terre-à-terre. En rodage au cabaret de l’église Sacré-Cœur le 1er mars dernier, Adib Alkhalidey a ravi un auditoire attentif et rigolard.

Diplômé de l’École Nationale de l’Humour  en 2010, l’auteur, humoriste et chroniqueur a pu compter sur l’appui de Martin Matte pour assurer la mise en scène de son premier spectacle solo. On croit d’ailleurs déceler des traces de cette collaboration dans certaines inflexions, certaines intonations d’Alkhalidey. Toutefois, le contenu du spectacle place l’humoriste au centre de ses préoccupations personnelles ou bien de situations dont il est la vedette, la victime, le témoin ou encore l’inventeur.

Le Québécois aux racines Irakiennes et Marocaines aborde inévitablement la question des préjugés entretenus à l’égard des Arabes. Il le fait cependant avec autodérision, invoquant lui-même certains de ces préjugés avec humour, pour dédramatiser des situations tendues.

Avouant sa propre ignorance par rapport à ses origines, Adib Alkhalidey ne met donc pas l’emphase sur les gags ethniques. Il leur préfère des récits le mettant en scène au quotidien, par exemple les conséquences étranges du port de la coiffure afro, des conversations surprises dans la file d’attente au dépanneur, ses années de labeur chez Tim Hortons, un samedi soir dans les clubs de Montréal.

À travers la narration d’anecdotes, l’humoriste sème des pistes de réflexion, nous fait remettre en question des comportements acquis, bien que souvent irrationnels. Au nombre de ceux-ci, l’agressivité lorsque l’on conduit ou lorsque quelqu’un ose corriger notre grammaire, cette propension à toujours croire que les inconnus sont dangereux ou le tabou de se dire «je t’aime» entre amis de sexe masculin.

En s’interrogeant sur les causes de ces habitudes, les illustrant d’images extrapolées qui en révèlent le ridicule, Adib Alkhalidey nous force à reconsidérer nos propres manies. Il s’élève aussi contre toute forme de discrimination, refuse de participer à une hiérarchisation des orientations sexuelles, nous appelle à la tolérance… sauf face à l’hiver, qu’il exècre d’une façon bien personnelle!

D’ailleurs, c’est avec un phrasé inusité, des gags là où ne les attend pas, force onomatopées et un français de qualité qu’Adib Alkhalidey nous livre ce premier spectacle solo. Son interprétation demeure dynamique et cohérente du début à la fin, mais Alkhalidey pèche parfois par excès d’enthousiasme. On pardonne néanmoins au sympathique humoriste les pertes de rythme et les chutes un peu floues qui en découlent, en attendant impatiemment la version définitive de ce premier opus qui promet d’être excellent.