logo journal nord-info
icon journal
26 janvier 2011: ma première rencontre avec Lisa

26 janvier 2011: ma première rencontre avec Lisa

Publié le 22/02/2011

Il est un peu plus de 10 h lorsque la docteure Lucie Lauzon me présente pour la première fois à Lisa, une patiente de l’unité des soins palliatifs du Centre Drapeau-Deschambault.

D’emblée, cette dernière a accepté que je vienne la voir, à raison de deux fois par semaine, pour discuter et qui sait philosopher avec elle, sur tout ou peut-être rien, sur sa maladie, sur son quotidien, ici, aux soins palliatifs, sur sa vie passée…

Lorsque je pénètre pour la première fois dans sa chambre, je ne vois qu’un dos. Lisa est en train de peindre des figurines, des plâtres de Paris, qu’elle a elle-même confectionnées.

Hésitante quant à la façon de m’annoncer, je lui lance finalement un petit «coucou» timide. Toute menue, mais vive, Lisa se retourne et se lève rapidement sitôt mon entrée en matière affichée. Elle m’invite à m’asseoir sur une espèce de chaise roulante munie de grands guidons et me dévisage discrètement. Je ne connais pas encore le nom de ce siège et me promets de vérifier auprès du personnel médical.

Pour moi, il est hors de question que je prenne des notes, que j’écrive devant Lisa. Pour cette première rencontre, je tiens simplement à me présenter à elle, lui expliquer ce que je fais ici, le genre de reportage que j’aimerais réaliser sur l’unité des soins palliatifs, la questionner, vérifier si elle a des objections ou des demandes. Bref, je veux une rencontre informelle entre elle et moi.

Je prends place et garde mon calepin bien calé dans mon dos et regarde attentivement Lisa. Elle a de grands yeux de biche aux longs cils et porte un chandail rose et une veste de la même couleur.

«J’ai plus de 20 métastases dans le ventre. En fait, le docteur a arrêté d’en compter après 20», me dit-elle tout de go.

Étant donné que je n’ai pris aucune note, tout ce qui vous est rapporté ici est uniquement le fruit de mes souvenirs. Mes prochains textes seront davantage explicites, plus précis. Mais pas aujourd’hui.

Sitôt assise, Lisa se relève pour fermer la porte de sa chambre. En agissant ainsi, elle me signifie qu’elle souhaite de l’intimité: «Je ne regarde pas chez les autres, alors je ne veux pas qu’on regarde chez moi.»

Pendant une quarantaine de minutes, Lisa et moi faisons un peu connaissance. Elle me fait lire un magnifique poème intitulé Avant de mourir qu’elle a composé et envoyé à tous les membres de sa famille à Noël. Sa poésie est imprégnée de sérénité et de philosophie.

«Quand je l’ai fait lire à la bénévole, elle a pleuré», déclare-t-elle en me scrutant attentivement. Je la complimente sur ce que je viens de parcourir.

Me voyant sur le point de la quitter, Lisa tient à m’informer qu’elle sera peut-être sous la douche lorsque je viendrai la voir dans deux jours. Je remarque alors la salle de bain attenante à sa chambre: «Ah, c’est ici les douches?» «Non, non, ici, c’est juste une toilette», me répond-elle.

Toujours aussi alerte, elle se lève d’un bond tout en m’expliquant le fonctionnement de sa salle de bain qu’elle partage avec un autre résidant. Bouton vert pour ouvrir la porte et rouge pour annoncer que l’on est occupé.

Nous analysons encore quelques minutes le fonctionnement de ces interrupteurs et finalement, je prends congé en lui précisant que je reviendrai dans deux jours. À son hochement de tête, je vois tout de suite qu’elle m’attendra.

Nous sommes le mercredi 26 janvier, et il est 11 h.

Vendredi 28 janvier: ma deuxième rencontre avec Lisa

2 février: ma troisième rencontre avec Lisa

4 février: ma 4e rencontre avec Lisa

9 février: ma 5e rencontre avec Lisa

11 février: ma 6e rencontre avec  Lisa

16 février 2011: ma 7e rencontre avec Lisa

19 février: ma 8e rencontre avec Lisa

23 février: ma 9e rencontre avec Lisa

25 février: ma 10e rencontre avec Lisa

2 mars: mon avant-dernière rencontre avec Lisa

4 mars: ma dernière rencontre avec Lisa