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«Gérer la croissance d’une région est un très grand problème» — Roméo Bouchard, fondateur de l’Union paysanne

«Gérer la croissance d’une région est un très grand problème» — Roméo Bouchard, fondateur de l’Union paysanne

Publié le 19/05/2009

Coordonné par le Conseil de la culture des Laurentides, le premier Colloque régional sur l’identité des Laurentides a rassemblé, le 7 mai dernier, de nombreux acteurs issus du monde municipal, mais aussi des artistes et entrepreneurs visiblement intéressés à débattre sur quelques grandes questions identitaires, dont le point d’ancrage demeurait le développement économique, social, et culturel des Laurentides.

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Conférencier très attendu pour cette première portion mobilisatrice, le fondateur de l’Union paysanne, Roméo Bouchard, s’est exprimé sur les grands enjeux d’une région en pleine croissance. Tour à tour professeur, journaliste, agriculteur et agent de développement à Saint-Germain-de-Kamouraska, coordonnateur de la Coalition pour un Québec des régions, et auteur d’Y a-t-il un avenir pour les régions, un projet d’occupation du territoire et de Libérer les Québecs: décentralisation et démocratie (Écosociété), M. Bouchard a été limpide dès le début en affirmant que la croissance d’une région, la relocalisation des activités économiques ainsi que l’aménagement du territoire demeuraient tout aussi difficiles à administrer qu’une région en décroissance.

Même si le ton utilisé n’était pas défaitiste, force fut de constater que le conférencier s’est tout de même montré soucieux à quelques reprises.
«Penser que tout va bien parce que les Laurentides sont au “top” de la croissance serait une erreur. La croissance explosive est déstructurante pour la population. Actuellement, 70 % de la population vit au sud des Laurentides et le revenu moyen d’emploi y est de 40 000 $ à 50 000 $, tandis que dans le nord, il se chiffre à 30 000 $. Plus on se dirige vers le nord et plus cela se détériore», explique-t-il.

Au-delà des inégalités observées au cœur de ces points cardinaux, d’autres conséquences viennent s’ajouter à une croissance exponentielle. Le manque d’infrastructures et d’équipements, par exemple, la destruction du patrimoine et de l’environnement (terrains vagues “bulldozés”), le développement industriel et sa carence en structures ainsi que la perte d’identité ne sont que quelques-unes des séquelles d’une poussée économique rapide.
«On assiste à une vraie perte de contrôle pour les MRC qui voient arriver le développement dans leur région alors qu’elles ne sont ni préparées ni équipées pour faire face à cela», d’avancer M. Bouchard.

Et la culture?

Plus que le théâtre ou des expositions, la culture doit être prise dans un sens plus large qu’un simple loisir. Et sans structures démocratiques adéquates, la culture ne peut se développer au sein d’une commune. Parce qu’elle se vit et se développe justement dans la collectivité, la culture appelle à la décentralisation des pouvoirs, à donner aux municipalités le pouvoir de se gérer elles-mêmes.
«Il y a des structures régionales, sauf que sans les pouvoirs, les municipalités passent leur temps à quêter l’argent à Québec avec tous les protocoles qui s’y rattachent, mentionne l’orateur. En établissant une identité territoriale, on fortifie une communauté. Les régions devront donc se doter d’une démocratie territoriale pour bâtir leur identité», de conclure ce dernier.