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Vous avez dit vaudeville de luxe?

Vous avez dit vaudeville de luxe?

Publié le 12/10/2010

C’est avec la promesse d’offrir du vaudeville de luxe, écrite en toutes lettres sur la couverture du programme, que la pièce Visite libre faisait halte au Théâtre Lionel-Groulx, le 7 octobre dernier, suivant l’itinéraire d’une tournée provinciale. Au final, on ne pourra caractériser de luxueux que l’imposant décor dernier cri de la maison à vendre servant de mise en contexte à la pièce.

 

Une fois de plus, dans cette facture théâtrale, on se coince vite dans les lieux communs. Les clichés du couple d’homosexuels maniérés, de la femme fortunée qui trompe son mari, du policier inculte, du vieillard qui s’évade de sa résidence pour personnes âgées pour réaliser ses fantasmes avant son dernier soupir resurgissent dans Visite libre. Comme si les comédies légères vaudevillesques, qui ont généralement la cote auprès des adeptes de théâtre d’été, devaient obligatoirement ne susciter rien d’autre qu’un rire purement confortable, préprogrammé à la limite. Visite libre entre dans cette catégorie. Scénarios inimaginables par définition, les quiproquos servant d’intrigue, peuvent en appeler à davantage d’imagination.

Dans la colonne des plus, les comédiens en présence ont le sens du rythme. L’enchaînement des personnages de situation cocasse en situation cocasse est assez réussi. Il faut souligner le travail de Jeff Boudreault qui campe à merveille son rôle d’agent immobilier. Il est très crédible avec ses commentaires, blagues et arguments disproportionnés et typiques de vendeur. Ambitieux, il est prêt à tout pour être le vendeur numéro un dans le 450… ou presque.

Les comédiens qui l’entourent et avec qui Jeff Boudreault interagit, soit Brigitte Lafleur, Diane Lavallée, Michel Charrette et François Chénier, avec de simples accessoires tels des fausses dents, des perruques et des costumes, réussissent très aisément à nous faire croire à leurs divers personnages. Brigitte Lafleur nous fait sourire en jouant une femme fatale audacieuse, Diane Lavallée se transforme littéralement dans le rôle de la propriétaire de la résidence à vendre, Michel Charrette réussit à être crédible dans la peau d’un jeune délinquant et François Chénier se métamorphose en vieillard assez convaincant. Et physiquement, chacun dépense énormément d’énergie en culbutant, en tombant, en dansant, en sautant… À part quelques petites incartades, la performance des comédiens n’est aucunement remise en question.

Mais pour l’intrigue, on repassera. Les dialogues de cette comédie, truffés de clins d’œil à des personnalités publiques, n’ont rien de très surprenant, tout est pour le moins prévisible.

Et bien que cela ne garantisse aucune immunité face à la critique si mauvaise soit-elle, il faut dire au passage qu’avec Visite libre, les auteurs et comédiens, Michel Charrette et François Chénier, en étaient à l’écriture et la mise en scène de leur première pièce de théâtre comme duo.

À retenir par-dessus tout que Visite libre ne laisse malheureusement que peu d’espace à l’originalité. Ce vaudeville aurait pu faire partie du Festival Juste pour rire comme spectacle à grand déploiement.

La subtilité des propos et les nuances sont parfois plus efficaces pour décrocher un rire que de vulgaires plaisanteries au premier degré qui nous laissent, après deux heures, une impression de déjà vu.