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Vivement lundi! Scènes de ménage

Vivement lundi! Scènes de ménage

Publié le 27/03/2014

Avec le temps froid qui persiste et la neige qui ne semble pas pressée de débarrasser le plancher, il semblerait qu’Odyscène avait prévu le coup en incluant à sa série Théâtre une production à saveur estivale.

En effet, en cette glaciale soirée du 21 mars dernier était présentée au Théâtre Lionel-Groulx Vivement lundi!, pièce de Carole Tremblay mise en scène par Bernard Fortin. Les scènes de ménage et chassés-croisés de ces deux couples en crise nous ont presque fait croire que les beaux jours étaient de retour.

Dans le salon de Lise et Paul (Pierrette Robitaille et Luc Senay), la tension est palpable dès les premiers instants de la pièce. Alors qu’il travaille avec passion à sa collection d’insectes, elle frotte, astique, balaie tout sur son passage. Ces quelques jours en amoureux en l’absence des enfants commencent décidément bien mal, mari et femme s’abreuvant de reproches sur leurs obsessions respectives.

Dans le salon de Josette et Jérôme (France Pilotte et Jacques Girard), le conflit prend une autre forme: elle lui parle, tentant d’organiser un week‑end romantique au spa, mais il ne l’écoute que distraitement, absorbé par une partie de football à la télé. Nouveau concert d’injures et les portes claquent déjà, Jérôme trouvant refuge chez Paul et Lise se rendant chez sa sœur Josette.

Ce faisant, ils créent de nouveaux couples, tout aussi mal assortis, mais générant de nouvelles dynamiques. Comme chacun traîne ses petites manies et frustrations, ou encore reproduit les comportements qu’il reproche à son partenaire, cela entraîne prises de conscience et remises en question. Les hommes se lancent à la reconquête de leurs épouses, celles-ci ayant décidé de profiter de quelques heures de détente au spa.

Mais comme «les femmes sont toutes pareilles» et les hommes, «des écœurants», la partie n’est pas gagnée d’avance. On se demande d’ailleurs ce que font ces personnages ensemble, trop typés pour qu’on croie premièrement à leur amour, puis à leur prise de conscience.

Seul le personnage de Paul semble crédible, plus posé, plus clairvoyant. À ses côtés, l’hystérie de Lise semble encore plus prononcée, Pierrette Robitaille ne baissant jamais la voix, et ce, même lors de son passage au spa. Si Jérôme fait rire par la lenteur de ses réactions et ses répliques machos, on se demande ce que peut lui trouver Josée qui, bien que trop volubile, est plus attachante par sa sincérité et la solidarité qu’elle manifeste envers Lise.

Les inévitables clichés du genre sont toutefois servis de manière créative, grâce à la mise en scène dynamique de Bernard Fortin ainsi que la polyvalence de l’espace scénique. En effet, durant la première partie de la pièce, on assiste, à la manière d’un montage cinématographique en parallèle, aux évènements se déroulant dans chacun des appartements. Les deux espaces, simultanément visibles sur scène, sont alors révélés ou cachés par l’éclairage.

Puis, au retour de l’entracte, on assiste à un changement de décor à vue mené par les comédiens: les éléments de leurs appartements prennent une nouvelle fonction alors qu’ils sont judicieusement réutilisés pour créer le décor du spa. Les portes se font tables à massage, le sofa devient un bain de boue, les murs prennent une apparence translucide. Et si, dans cet environnement serein, les couples parviennent enfin à se réconcilier, on sent qu’ils ne sont pas sortis du bois!