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Univers parallèle

(Photo Yves Déry)

Univers parallèle

Publié le 06/02/2009

Intensité, authenticité et émotion sont les mots qui vous traversent le plus souvent l’esprit au spectacle de ce groupe musical, du moins à ce concert intime donné par Karkwa, à l’église Sacré-Cœur de Sainte-Thérèse. La formation a littéralement mis le feu à l’endroit, réchauffant ainsi cette glaciale soirée du 30 janvier dernier, le tout devant une salle comble, à l’écoute attentive et aux marques d’appréciation sincères et sonores.

Dès le début du concert, dès que retentissent les premières notes cristallines de la chanson Le Compteur, on se sent transporté dans un autre univers. Le rythme semble résonner à l’intérieur de nous. Il vient nous chercher, nous emporter. Les musiciens de Karkwa accomplissent des merveilles en misant sur l’exploitation d’une multitude de textures par l’utilisation de différentes percussions et de manipulations électroniques. Tissant des trames complexes, pluridimensionnelles, la musique de Karkwa se fait créatrice d’atmosphères et génératrice d’émotions: les claviers confèrent aux pièces une ambiance particulière, les guitares se font parfois plus pesantes, puissantes, nous faisant ressentir lourdeur et spleen alors que les percussions et l’écho apportent de nouvelles dimensions. Souvent planante et atmosphérique, parfois très percussive, la musique se fait toujours mélodique et riche, semblant emplir tout l’espace, saturant l’air de particules sonores. Des montées dramatiques impressionnantes, des progressions habiles, des solos vertigineux, combinés à l’interprétation sensible, sentie et personnelle du chanteur Louis-Jean Cormier, contribuent à cette impression d’enveloppement.

Dans cette même veine, les effets d’éclairage ne sont pas à négliger dans ce spectacle. Ils viennent toujours appuyer les atmosphères musicales, que ce soit par la lueur vacillante d’une ampoule solitaire, par l’emploi de violents contrastes entre ombre et lumière ou encore d’ombres projetées au caractère dramatique, le travail de la lumière nous transporte lui aussi, consolidant la cohérence de l’ensemble. Alternant la douceur à des rythmes plus syncopés, Karkwa nous offre des structures nuancées dans un chaos organisé, tout en progressions et en ruptures. Les textes se font souvent personnels ou plus sociaux, ils dépeignent aussi des quotidiens de façon poétique. Ils sont pleins d’images et de mots qui parlent. On sent la recherche, tant au niveau des paroles qu’à celui des textures, qui se font tantôt délicates, tantôt inusitées, comme en témoigne cette utilisation d’une feuille de plastique pour créer des sons graves et distorsionnés.

Rockant pour la première fois dans une église, le groupe a empli l’endroit de ses sonorités riches aux accents expérimentaux. À l’aise avec le concept intimiste du cabaret de l’église Sacré-Cœur, les gars de Karkwa se montrent décontractés sur scène, multipliant les traits d’humour, mais privilégiant la musique, pour un concert des plus intenses.