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Une forêt de guitares

(Photo Yves Déry)

Une forêt de guitares

Publié le 07/04/2009

On les voit souvent en solo, parfois en duo et même en trio, mais douze guitares classiques formant un seul ensemble, voilà une formule qui devait nous amener ailleurs et c’est véritablement dans des forêts inconnues que nous transportait l’ensemble Forestare, mais sans jamais s’égarer.

Une douzaine de guitares classiques, donc, et une contrebasse, celle de Steve Reich, qui joue parfois avec un archet, voilà l’ensemble instrumental tout à fait exceptionnel que nous proposait le Théâtre Lionel-Groulx, samedi dernier, dans la petite salle de l’église Sacré-Cœur.

Dès l’introduction progressive, au cours de laquelle les instruments semblent se chercher, le chef d’orchestre Pascal Côté consolide progressivement ses ouailles pour établir cette atmosphère tout à fait unique qui révèle à la fois la sonorité de la guitare, mais aussi, et pour une rare fois, ses possibilités exceptionnelles en canon.

C’est le guitariste Pascal Éthier qui a eu cette idée d’un orchestre de guitares. C’était en 2002 et depuis, l’ensemble a commandé des pièces à Antoine Ouellette, avec Fougères, François Gauthier, avec Equus, ainsi que Chaman, de Pascal Quoquochi Sasseville. Il faut également savoir que Forestare a joué Les Yankees, avec Richard Desjardins.

La guitare est donc le bois d’œuvre de Forestare (prononcez Forestaré) et le regroupement de musiciens se présente avec des valeurs écologiques, confondant leur sang à la sève qui nourrit le bois de leurs instruments. Le concert qui en résulte est tout à fait étonnant, particulièrement jouissif par moments, et il faut dire que les musiciens semblent prendre un malin plaisir sur scène.

L’auditoire a même eu droit à une séance de danse improvisée qui donnait un ton vraiment sympathique à la représentation.

En fait, on a l’impression d’assister à une séance de musique expérimentale avec Forestare, sauf que celle-là marche rondement pour donner des pièces très élaborées, et ce, tant dans leur structure qu’en vertu de cette sonorité exceptionnelle des douze instruments que la contrebasse appuie avec brio.

Le hic, en fait, c’est lorsque l’ensemble joue un classique du répertoire espagnol, voire une pièce du corpus québécois. On a alors l’impression d’un tout autre spectacle et il devient difficile de marier ces interprétations avec les compositions. Forestare pourrait donc donner deux spectacles différents, mais l’un et l’autre s’avéreraient tout aussi intéressants, selon que vous soyez un profane ou un érudit de la guitare.