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Une bio pour boucler la boucle

Michel Brûlé et Claude Sirois. (Photo Claude Desjardins)

Une bio pour boucler la boucle

Publié le 13/01/2018

Claude Sirois a consacré sa vie entière à la guitare, un instrument qu’il chérit encore et toujours et qu’il a largement contribué à faire connaître dans sa version classique, celle qu’on fait chanter à deux mains et qui l’accompagne tout au long de cette biographie qui vient de paraître sous le titre Claude Sirois/Pour l’amour de la musique.

À l’instigation et sous la plume de son ami Michel Brûlé (ne pas confondre avec l’éditeur du même nom), l’ouvrage fait un peu plus de 200 pages et figure désormais dans la collection Portrait, des éditions du CRAM, une boîte spécialisée dans la publication d’essais en sciences humaines.

Un artiste passionné

Au fil des 26 chapitres qui portent tous le titre d’une chanson des Beatles (à proprement parler le «chemin de Damas» du musicien) l’auteur nous raconte tout simplement la vie de cet artiste passionné qui a vu le jour en 1949 et à qui, alors qu’il n’avait que cinq ans, on a présenté cet instrument dont il ne se séparerait plus jamais et duquel il s’est autant servi pour charmer nos oreilles que pour pagayer obstinément à contre-courant, dans un marché très peu perméable à la musique instrumentale. «Je ne voulais pas faire de l’argent ni être populaire. Je voulais juste faire de la musique» , résume Claude Sirois, qui a tout de même mis son nom (et tout son cœur) sur 27 albums et de nombreux livres et méthodes contenant notamment des partitions de chansons québécoises arrangées pour la guitare classique, un parcours qui a été couronné d’un Félix, en 1985, alors que l’ADISQ faisait de Verseau (un opus contenant 12 compositions du guitariste) son album instrumental de l’année.

Ne manquait plus qu’une biographie pour boucler la boucle et c’est en écoutant avec un vif intérêt les anecdotes que lui racontait son ami que Michel Brûlé a eu un jour l’idée de les consigner sur papier pour nous raconter l’histoire de Claude Sirois. Il en ressort un document présenté sous forme chronologique, le récit d’une carrière jalonnée par les événements qui ont marqué l’histoire du Québec et même du monde (Expo 67, le métro, Corrid’Art, l’écroulement du viaduc de La Concorde, l’assassinat de John Lennon…), qui ont façonné l’individu, cet enfant puis cet adolescent épris de musique, qui a grandi dans le quartier Duvernay, à Laval, où il a notamment côtoyé Serge Fiori et Réal Desrosiers, deux jeunes qui ne savaient pas encore qu’ils feraient partie de groupes aussi importants qu’Harmonium et Beau Dommage, tout comme Claude Meunier, qui ferait aussi sa marque dans un tout autre domaine.

La chose peut sembler ironique, mais c’est le guitariste classique qui a servi d’entremetteur pour le groupe de Fiori qui obtenait la chance, en 1974, de se produire à l’Imprévu, de l’Hôtel Iroquois, à Montréal, là où s’est joué un chapitre significatif de l’histoire culturelle du Québec. Quelques mois plus tard (juste retour d’ascenseur), Harmonium partait en tournée à travers le Québec et offrait à Claude Sirois d’assurer la première partie de ses spectacles.

Talent et discipline

Des histoires du genre (y compris cette complicité chaleureuse qu’il a toujours entretenue avec son père, Ludger), il en fourmille dans cet ouvrage qui ne raconte pas la vie d’une rock star, mais le parcours difficile d’un valeureux porte-étendard de la musique instrumentale, qui ira même jusqu’à dire que la guitare lui a littéralement sauvé la vie, après un épisode malheureux de sa jeunesse. C’était en 1969 et Claude Sirois, tombé dans les filets du LSD, s’est relevé d’une surdose en se découvrant un don pour la guitare classique (auparavant, il jouait surtout de la guitare électrique dans des groupes rock). «J’ai trouvé, avec la guitare classique, une manière de me valoriser» , dit-il.

Il a aussi vécu les dessous de l’industrie de la musique, les faillites (tantôt celle de sa compagnie de disque, sinon celle du distributeur) et certaines querelles commerciales qui sont venues bousiller des années de travail et qui ont fini par avoir raison de la ténacité d’un artiste autodidacte qui définit ainsi sa personnalité artistique: talent et discipline de fer.

Claude Sirois joue encore de la guitare à tous les jours et a fini par trouver, sur Youtube, cette vitrine qu’on lui a si longtemps refusée et qui lui permet de se faire connaître au Québec et ailleurs dans le monde. «Je suis devenu indépendant, dit-il. J’ai même numérisé mes livres et ils sont disponibles sur le Web. Ce n’est pas à mon avantage, mais de toute façon, ils n’avaient plus de vie. Maintenant, je donne.»

 

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