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Schrammel et trad: semblables… mais différents

L’Ensemble Transatlantik Schrammel et Jusqu’aux p’tites heures métissent leurs folklores le temps d’un concert du Nouvel An. Sur la photo: Manuel Lavallée et Jean Deschênes.

Schrammel et trad: semblables… mais différents

Publié le 16/01/2015

Le début d’une nouvelle année est propice aux résolutions à prendre, aux changements à apporter, aux défis à relever. Plusieurs choisissent, pour ce faire, de sortir de leur zone de confort et d’explorer différentes avenues.

Le dimanche 11 janvier, on retrouvait, au cabaret de l’église Sacré-Cœur, un peu de cet esprit de limites repoussées dans le plus récent concert de l’Ensemble Transatlantik Schrammel. En effet, l’ensemble spécialiste de la musique folklorique viennoise s’est associé, pour célébrer le Nouvel An d’une manière inédite, avec la formation Jusqu’aux p’tites heures, laquelle propose un répertoire traditionnel québécois.

À la tête de l’Ensemble Transatlantik Schrammel, Jean Deschênes en assure la direction musicale et la contreguitare, alors qu’Anne Lauzon s’occupe de la clarinette et de l’accordéon. Comprenant également les violonistes Jacques-André Houle et Solange Bellemare, l’ensemble s’applique depuis 1993 à faire connaître la musique traditionnelle viennoise. La formation a vu le jour à Sainte-Thérèse et y a depuis instauré une tradition de concerts du Nouvel An, cette fois pimentée d’une saveur toute québécoise, grâce à la participation de l’ensemble Jusqu’aux petites heures.

Créé en 2009, le groupe est constitué de Daniel Fréchette au violon, à la flûte, à la podorythmie, à la voix et à la guimbarde, de Cassandre Lambert-Pellerin au violon alto et à la voix, de Manuel Lavallée à la guitare, à la mandoline et à la voix, puis de Philippe Fréchette au violoncelle et à la voix. Le quatuor propose des pièces folkloriques puisées dans les archives de l’Université Laval, qu’ils réarrangent habilement, de même que des compositions originales aux saveurs traditionnelles.

Le concert débute en compagnie de l’Ensemble Transatlantik Schrammel, qui va de valses en polkas, visitant amoureusement les œuvres de Strauss, Lanner, Farbach et autres Schrammel. Avec une passion palpable, les musiciens transportent le public de la campagne aux salles de bal, au son de danses rustiques ou de marches militaires. On imagine sans peine les soieries froufroutantes et les uniformes d’apparat, alors que violons, clarinette et contreguitare font revivre l’ambiance des cafés ou des carnavals viennois.

À son tour, Jusqu’aux p’tites heures raconte des histoires en musique, relatant les destins tragiques ou comiques d’amoureux éconduits, castors sur la digue et jeunes filles endormies. Ces personnages habitent l’univers du groupe, s’animant sur des rythmes endiablés. La formation y va en effet d’un tout autre type de valse, mais aussi de reels, avec ou sans paroles, où la podorythmie traditionnelle et l’ajout inédit du violoncelle crée un tout à la fois innovateur et typique.

Dans un esprit de partage et de découverte, les membres de Jusqu’aux p’tites heures se joignent à leurs collègues, le temps de quelques morceaux, dont la traditionnelle Marche de Radetzky. On constate alors l’habileté et la polyvalence des musiciens, qui se retrouvent bien loin de leur zone de confort. L’Ensemble Transatlantik Schrammel se frotte également au répertoire de Jusqu’aux p’tites heures en fin de concert, et il est intéressant de voir à quel point les mêmes instruments peuvent être la source de sonorités aussi différentes, s’adapter à ces styles à l’opposé l’un de l’autre. L’association n’est cependant pas incongrue, puisqu’elle met l’emphase sur le folklore et la danse au cœur d’une rafraîchissante expérience à réitérer.