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Sally Folk: savoureuse ironie

Théâtrale et dramatique

Sally Folk: savoureuse ironie

Publié le 10/07/2015

Il y avait foule au parc Fontainebleau, jeudi le 9 juillet dernier. La température clémente et la présence d’une artiste populaire en étaient la raison, l’auteure-compositrice-interprète Sally Folk y étant en effet de passage dans le cadre de la série des Jeudis Show de Blainville. On nous promettait un concert haut en couleur, et c’est bien ce qui nous a été offert par l’artiste invitée.

En effet, dès son entrée en scène, Sally Folk nous projette dans un univers bien à elle. Son amour du théâtre et du cinéma se reflète dans son apparence et sa gestuelle, rétro-fantaisistes. Vêtue d’une jolie robe jaune et bouffante, les cheveux gonflés, les yeux ourlés de noir, l’artiste, ou plutôt son alter-ego, évoque les années 1960 et leurs coquetteries à gogo. Le ton est ainsi donné, autant par l’aspect visuel du concert que par la musique, un pop-rock pimenté de saveurs jazz, rock and roll et blues, parfois même latines ou country.

Elle nous parle d’amour, Sally Folk, mais pas à la manière des contes de fées. Non, elle nous raconte des histoires qui font mal. Sauf qu’on ne pleure pas beaucoup, on savoure plutôt l’ironie dans sa poésie crue à propos des hommes, l’autodérision dont elle fait preuve en décrivant aussi les femmes, la part d’humour non négligeable qui colore ses textes et ses interventions avec le public.

Elle utilise ainsi comme fil conducteur les soupers qu’elle organise avec ses amies qu’elle surnomme «les belles», et où elles parlent bien sûr des hommes, élaborent toutes sortes de stratégies pour les manipuler et les séduire, parsemant le tout d’anecdotes sentimentales.

Les relations homme-femme sont donc au cœur des chansons de Sally Folk, qui les traite cependant d’une manière différente, rafraîchissante. Avec un humour grinçant, elle imagine une femme prête à empoisonner un conjoint exaspérant dans L’eau dans le vin, questionne  la légitimité de l’adultère dans Heureux infidèles, cherche de nouvelles manières de séduire son homme influencé par l’abondance de pornographie sur internet dans L’acrobate, accueille avec philosophie une rebuffade amoureuse dans Nothing’s gonna happen tonight .

Elle emprunte également Les Soirs de Scotch à Luce Dufault, qu’elle s’approprie entièrement, teintant la pièce d’une saveur jazz, lui imprimant un rythme plus rapide, une guitare aux cordes pincées. C’est d’ailleurs l’une des chansons les plus appréciées du spectacle, tout comme son succès Les heures de visite, repris en chœur par le public.

Théâtrale et dramatique, Sally Folk prête sa voix particulière, basse et légèrement éraillée à ces textes mordants et imagés, mais elle peut également se glisser dans une atmosphère intimiste et feutrée, le temps de ballades personnelles et mélancoliques, comme Oh Chéri et C’est vrai. Avec ce spectacle acoustique, Sally Folk propose un tour d’horizon de son univers, qui gagne à être exploré.

Les Jeudis Show se poursuivent à Blainville, et le prochain rendez-vous aura lieu le 16 juillet à 19 h 30, au parc Blainville. Michel Robichaud y sera, lui qui a remporté les grands honneurs au Festival de la chanson de Granby. Le public pourra découvrir son «folk-progressif-sympathique» lors de cet événement sous chapiteau qui a lieu beau temps ou mauvais temps.