Visiblement ébranlé, il a commencé son spectacle en racontant sa mésaventure qui aurait pu être pire. «Ma voiture est une perte totale et j’ai le volant de ma Hyundai étampé dans le front. Mais je suis content d’être là, même si je me sens un peu fou dans ma tête», a-t-il lancé d’entrée de jeu à un public qui a mis quelques secondes avant de comprendre la véracité de la situation. D’autant que le spectacle de Philippe Laprise, ironiquement, s’intitule Je peux maintenant mourir.
Or, durant les deux heures qui ont suivi, l’humoriste s’est montré étonnamment en forme, voire en pleine possession de ses moyens. Même si le spectre de son accident a flotté toute la soirée au-dessus de sa tête, le raconter, le partager avec son public et en rire a probablement contribué à faire évacuer son stress. Résultat, plus la soirée avançait, plus l’humoriste semblait à l’aise et en parfait contrôle de ses émotions.
Un humoriste drôlement efficace
Entouré sur scène d’un îlot de cuisine et d’un frigo orné de dessins d’enfants et de photos (véritable polaroïd de toute famille qui se respecte), Laprise ne réinvente en rien l’humour. Son spectacle, son premier en solo, se borne en fait à un long tapis roulant des évènements de sa vie: ses enfants, sa femme, sa vie avant l’humour, son travail d’éducateur spécialisé qu’il a fait pendant six ans, ses questionnements sur la vie, sur la mort, ses rêves, ses craintes et ses sorties de famille au Zoo de Granby, entre autres. Sa vie, quoi. Mais il faut en convenir, Laprise se révèle drôlement efficace dans sa façon de se raconter et de rire de lui-même, gestuelle et mimiques à l’appui. Pas étonnant que le public, tous les âges confondus, qui remplissait ce soir-là le Théâtre Lionel-Groulx à pleine capacité ou presque, ait tant ri. Même le plus coriace des publics en matière d’humour (j’en suis) y a trouvé son compte.
Bref, un spectacle drôle, intelligent et mené de main de maître par un humoriste que l’on devine aussi à l’aise sur scène que dans la vie, qui n’hésite pas à interagir avec les gens dans la salle, à mettre de côté sa concentration le temps d’un fou rire complice avec l’un d’eux et à rire de bon cœur de ses propres lapsus.
Philippe Laprise poursuit sa tournée québécoise jusqu’au mois d’août.