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Olga Gross et Claudine Ledoux: l’autre Noël

Claudine Ledoux et Olga Gross convient le public à une matinée de cantiques et d’airs classiques des Fêtes.

Olga Gross et Claudine Ledoux: l’autre Noël

Publié le 24/12/2014

Les concerts de Noël se suivent, mais ne se ressemblent pas dans notre région. En effet, après le spectacle du Rosemère Big Band, le 14 décembre, d’un jazz festif et exubérant, c’était au tour d’Olga Gross et Claudine Ledoux de proposer au public «leur» Noël, en puisant dans un tout autre répertoire.

Respectivement harpiste et mezzo-soprano, ces artistes ont convié les spectateurs de la Maison Lachaîne, à Sainte-Thérèse, à une matinée de cantiques et mélodies classiques des Fêtes. Un «avant-goût de la messe de minuit», pimenté de musiques sacrées du monde, de negro-spiritual et d’airs amérindiens, dans un tout formant le spectacle Jardin de givre, issu de l’album du même nom et présenté le 21 décembre dernier.

Élégamment vêtues et parées de bijoux scintillants, Claudine Ledoux et Olga Gross entrent en scène avec panache, mais aussi une grande simplicité, une accessibilité qui transparaît dans leurs sourires et leur attitude détendue.

Au micro, la chanteuse entame, a capella, I wonder as I wander, de John Jacob Niles. Sa voix claire et nuancée, les expressions de son visage, de même que le contact visuel qu’elle établit d’entrée de jeu avec l’auditoire, captivent bien vite ce dernier.

Claudine Ledoux ne fait pas que chanter, elle raconte une histoire. Ce sera le cas tout au long du concert, durant les pièces et entre ces dernières, alors qu’elle y va d’anecdotes sur la genèse des airs et leurs compositeurs.

À ses côtés, la harpe dorée, à la colonne richement ornée, est imposante, intrigante. Olga Gross prendra cependant quelques instants pour démystifier cet instrument inhabituel, nous expliquant son fonctionnement complexe aux rouages insoupçonnés. Les notes qui s’en échappent se font cristallines et délicates, prenant des inflexions celtiques, médiévales, exotiques, rêveuses.

Bien pensée, la structure du concert, en jumelant les pièces, permet de brèves incursions dans différentes époques ou divers lieux. De la jungle colombienne du chant traditionnel A la Nanita Nana, on passe à la Provence avec le Noël Provençal de Marcel Grandjany,  avant de plonger dans l’univers des Hurons avec Iesous Ahatonnia. Cette dernière se fait syncopée et percussive, riche en contraste et d’une solennité d’un autre genre que celle, par exemple, d’un Ave Maria. Ces amalgames sont au nombre de trois dans ce concert, joués en enfilade. Les œuvres de Schubert, Bach et Gounod, puis de Vavilov (mais attribuée à Calcini) se succèdent donc, émouvantes, aériennes, empreintes d’une émotion palpable, à l’instar de celle qui teinte Sainte Nuit, délicate et onirique, ou encore ce «demi-Minuit Chrétiens» poignant offert en rappel.

La méconnue Christmas Lullaby, de Graeme Wearmouth, de même que Trois anges sont venus (pièce favorite de Ledoux depuis l’enfance), revêtent une importance particulière pour le duo, ce qui en colore joliment l’interprétation, lui apportant une touche toute personnelle.

Le concert s’achève sur un arrangement par Roger Emerson de la pièce negro-spiritual Mary Had a Baby, où la voix limpide et claironnante de Ledoux s’appuie sur la harpe plus sombre de Gross. Ce morceau met un terme à un concert aux mélodies d’une grande beauté, offert avec cœur par deux artistes mues par une passion contagieuse. C’est avec joie qu’elles l’offrent et que le public le reçoit, à l’image d’un cadeau de Noël soigneusement choisi et enveloppé.