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Mario Jean: Monsieur Tout-le-monde

Mario Jean donne au public un aperçu des coulisses

Mario Jean: Monsieur Tout-le-monde

Publié le 03/02/2015

C’est lors d’une thérapie qu’il aurait suivie que Mario Jean aurait appris à «parler au je», à se confier, à choisir aussi ce qu’il faut dire et ce qu’il faut taire.

De ces réflexions personnelles, il a également tissé la toile de fond de son plus récent spectacle, Moi Mario, où il demeure lui-même de bout en bout, sans incarner de personnages. L’humoriste était de passage au Théâtre Lionel-Groulx le samedi 24 janvier dernier pour «parler de nous, vous et eux, au je.»

Mario Jean se décrit d’entrée de jeu comme un gars ordinaire, grand ronfleur et amateur de chips, père de famille essoufflé par le rythme effréné de la vie d’aujourd’hui.

Il est d’ailleurs beaucoup question du temps qui passe dans Moi Mario, thème qui sert en quelque sorte de fil conducteur aux différents numéros: le «temps d’enfant» qui traîne en longueur et le «temps d’adulte» qui s’égrène à une vitesse folle, les effets du temps sur le visage de madame et le corps de monsieur, le temps pour soi que l’on retrouve lorsque les enfants sont devenus grands, l’évolution des tabous au fil du temps, la vie qui mène inéluctablement à la mort.

Certes, il n’y a pas de sujet plus universel que la fuite du temps, mais si Mario Jean en parle avec doigté avec des répliques telle «on devient adulte avec l’obsession de l’heure», il y va également de sempiternels clichés, notamment sur les adolescents qui ne font rien et les cégépiens encore moins.

Évidemment, dans un spectacle qui se veut aussi rassembleur que celui-ci, il faut bien s’attendre à une part de lieux communs. Cependant, même s’il les fait siens en les abordant au «je», c’est quand il s’éloigne de ces derniers que Mario Jean offre les numéros les plus originaux et ceux qui semblent les plus personnels.

Par exemple, ce faux entracte qui nous montre un peu l’envers du décor, alors qu’un Mario Jean très détendu recrée sa loge sur scène. On y décèle toutefois une certaine solitude, une envie d’être auprès des siens lorsqu’il téléphone à la maison et demande à parler à femme, enfants, chien, chat et tortue.

Il y a aussi ce numéro où il relate l’ascension du mont Kilimandjaro qu’il a accomplie en 2011 afin d’amasser des fonds pour la Fondation Mira. Lui qui méprisait les explorateurs, ces «frais chiés en Kanuk», en est donc devenu un pour la bonne cause. Images en projection à l’appui, il évoque aussi bien ses états d’âme que ses préoccupations plus pragmatiques, ses remises en question et ses tentations d’abandon avec honnêteté. Le numéro s’achève, dans le ton du spectacle, en comparant l’ascension de la montagne avec le parcours de la vie.

Ce numéro aurait conclu le spectacle de belle façon, mais l’humoriste choisit de poursuivre avec un passage sur la métamorphose des tabous à travers le temps, les projetant dans l’avenir en extrapolant plutôt crûment. Il conclut ainsi une soirée tout à fait sympathique qui, basée sur des valeurs sûres, atteint son objectif, celui de rassembler par le rire.