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M. Chandler: le bonheur vient en jouant

M. Chandler mise sur le talent de Rick Haworth, Ian Kelly, Sylvain Clavette et Mario Légaré. (Photo Colombine Drouin, courtoisie)

M. Chandler: le bonheur vient en jouant

Publié le 12/03/2019

La dernière fois que nous vous avons parlé de Mario Légaré, Rick Haworth et Sylvain Clavette, ils formaient l’excellent Magneto Trio, un projet musical né sans aucune préméditation. Cette fois, c’est un coup fumant du hasard qui se trouve à l’origine de M. Chandler, alors que l’auteur-compositeur-interprète Ian Kelly (cinq albums entre 2005 et 2016) s’invite à la fête en contribuant de sa guitare, de sa voix et de sa plume.

Refaisons brièvement la chronologie des choses: Légaré à la basse, Haworth à la guitare et Clavette à la batterie, ce sont eux qu’on voit évoluer dans le paysage musical québécois depuis des lunes, soutenant par leur talent d’accompagnateurs une légion d’artistes qui nous font encore rêver: Michel Rivard, Paul Piché, Daniel Boulanger, Lhasa de Sela, Isabelle Boulay et Daniel Lavoie, notamment.

C’est à l’époque où tous les trois jouaient pour Michel Rivard et qu’ils profitaient des tests de son pour improviser ensemble, les après-midis de spectacle, qu’ils ont découvert cette connivence musicale qui allait donner naissance au Magneto Trio (un projet strictement instrumental) et aux deux albums qui allaient suivre, en 2005 et 2015.

Invités par le diffuseur Odyscène, en 2016, ils participaient au traditionnel lancement de la programmation, au Théâtre Lionel-Groulx, au même titre que Ian Kelly, alors que les artistes qui le veulent bien viennent y donner un avant-goût de leur spectacle. Pendant que le Magneto Trio s’exécutait sur scène, Kelly, qui attendait son tour en coulisses, s’est mis à fredonner des mélodies sur la musique de ses futurs comparses. Une discussion s’ensuivit, au terme de laquelle une invitation était lancée: tous se retrouveraient au studio de Ian Kelly, à Morin-Heights, pour une première séance d’improvisation qui a donné trois chansons. Trois rencontres plus tard, M. Chandler (on laisse encore planer le mystère sur l’origine de ce nom) disposerait d’une bonne quinzaine de chansons, soit autant qu’il en fallait pour produire un premier album éponyme (ils en ont retenu dix qui figurent sur cet opus paru en avril 2018) et partir en tournée.

Une conversation musicale

Il s’agirait aussi d’un premier exercice d’écriture francophone pour Ian Kelly et l’on se demande bien pourquoi il s’était retenu aussi longtemps. Les textes qu’il propose témoignent d’une poésie bien maîtrisée, favorisant l’utilisation de formules simples et épurées qui n’en produisent pas moins des images très fortes et profondes (J’irai jusqu’au bout/Je ne sais pas trop quand). On y parle de la vie, à la hauteur de l’être humain qui cherche le bonheur à tâtons, qui se permet parfois l’audace d’écouter son cœur, qui mesure aussi le poids des jours qui s’accumulent sur ses amours, notamment celles d’un couple encabané dans un hiver métaphorique: «On est un peu usés, mais on n’a pas fini de s’aimer.»

La voix est belle. Elle module vers les hautes sphères sans jamais forcer la note, elle ondule en respirant avec cette musique qui demeure le véritable fondement de l’aventure, soit dit en passant. C’est qu’on ne vous parle pas, ici, du sixième album de Ian Kelly, mais bel et bien d’une nouvelle naissance, un prolongement du projet Magneto, en fait, puisque la méthode demeure la même. On entre en studio, quelqu’un propose un fragment mélodique (pour ne pas dire un riff) et c’est parti. «On prend notre bonheur en jouant» , disait Rick Haworth dans une entrevue glanée sur le Web (désolé pour la source, je l’ai perdue).

Les yeux fermés

Comme c’était le cas avec le Magneto Trio, les œuvres de M. Chandler se construisent encore sur le motif d’une véritable conversation musicale. On y prend manifestement tout son temps, ce qui ne donne jamais dans la brusquerie. C’est au contraire planant, envoûtant et enveloppant. Ça s’écoute les yeux fermés, mais il vaut mieux les ouvrir de temps à autre si on se met à danser. On n’est jamais trop prudent.

Avis aux intéressés, M. Chandler sera de passage au Cabaret BMO Sainte-Thérèse, le samedi 6 avril à 20 h. À noter que ce spectacle fait partie de la liste des «Coups de cœur de Chantal» (c’est-à-dire Chantal Lamoureux, directrice générale et artistique de notre diffuseur régional). Un conseil: faites-lui confiance. Information et billetterie: [http://odyscene.com].