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Les chroniques de Saint-Léonard: Poutine italienne

Les chroniques de Saint-Léonard: Poutine italienne

Publié le 12/03/2015

C’est un dimanche soir comme les autres à Saint-Léonard. Les jeunes mariés Robert et Terry reçoivent la famiglia pour un souper de raviolis durant lequel ils prévoient faire une déclaration importante.

À l’image de la cuisson des pâtes, tout ne se déroule pas comme sur des roulettes, alors que le clan italien va de surprises en révélations dans la comédie dramatique Les chroniques de Saint-Léonard, que la compagnie Duceppe en tournée présentait au Théâtre Lionel-Groulx, le 7 mars dernier.

Dans une mise en scène de Monique Duceppe, le texte de Steve Gallucio est porté par Pierre-François Legendre et Émilie Bibeau, lesquels incarnent Robert et Terry. Entourant le couple, leurs parents respectifs Dante et Elisa (Claude Prégent et Pauline Martin), ainsi que Carmine et Gina (Harry Standjofski et Sylvie Potvin), de même que la nonna, Dora, à laquelle Béatrice Picard prête ses traits… et un accent italien.

Dans le décor réaliste de la maison de Robert et Terry, les personnages évoluent surtout dans la salle à manger, autour de la table, mais peuvent aussi se réfugier à la cuisine pour des moments bienvenus à l’écart des autres convives. C’est surtout le couple central qui en profite, volant quelques instants d’intimité ici et là ou se préparant à affronter leur famille très présente, très impliquée et très attachée aux traditions.

Et si les dimanches soirs se suivent et se ressemblent pour cette tribu tricotée serrée, les choses sont sur le point de changer. En effet, Robert et Terry envisagent de quitter l’enclave italienne de Saint-Léonard, et l’annonce de cette nouvelle crée une véritable onde de choc au sein du groupe. Les vérités éclatent et les tempéraments s’échauffent, des secrets sont dévoilés, dans un français bien québécois pimenté d’expressions italo-anglophones.

Le tout survient dans le dernier droit de la pièce, en générant ainsi les moments les plus intéressants. La tension dramatique révèle des sensibilités jusqu’alors camouflées par les dehors tonitruants de ces personnages qui s’engueulent à table, pour le plaisir ou par habitude. Dans cette optique, on se souviendra de la touchante intervention d’Elisa au souvenir de la perte tragique de son amant, qui résonne comme l’écho du premier amour perdu de sa mère Dora.

Cette dernière, dont les interventions bourrues et sans filtre font bien rigoler le public, expose également un côté mélancolique et doux que l’on devine avoir été dissimulé jusque-là, alimenté par se ses mémoires de la Seconde Guerre mondiale, de son arrivée douce-amère au Canada, de son mariage malheureux.

La sortie de Gina, qui dénonce les manquements de ses compères à un «protocole de vie Saint-Léonardien», tout en avouant par le fait même son envie d’y déroger, est également mémorable par son interprétation candide et son contenu tout en contradictions.

Mais si le chemin emprunté pour arriver à la catharsis semble toutefois manquer d’un peu de piquant, il gagnerait à être relevé par une mise en scène plus dynamique, un rythme plus soutenu. Sinon, la recette apparaît à point pour cette comédie sur la famille, les traditions et l’histoire de la communauté italienne de Montréal.